Le gouvernement Marois brime l'autonomie des universités et s'arroge les responsabilités de leur conseil d'administration avec sa nouvelle règle budgétaire sur la rémunération, accusent les recteurs. Ils se résignent toutefois à s'y conformer.

La Presse révélait hier que Québec a adopté une règle budgétaire selon laquelle tout changement aux salaires et aux conditions de travail de la haute direction des universités devra désormais être approuvé par le gouvernement. Les hausses salariales et l'augmentation des coûts des conditions de travail devront respecter les taux en vigueur dans la fonction publique, notamment. Québec veut limiter la croissance de la rémunération.

«On vient encore alourdir les processus décisionnels au sein des universités. C'est sûr qu'il y a une déception», a dit hier Daniel Zizian, président-directeur général de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ).

Selon lui, le gouvernement «vient jouer dans les prérogatives et les responsabilités des conseils d'administration». «Ce sont eux qui ont la responsabilité de porter un jugement sur la politique de rémunération. Ils sont imputables et on y retrouve des membres de la direction, mais aussi des professeurs, des étudiants, des gens de la société civile», a-t-il expliqué.

Hausses relatives

M. Zizian trouve anormal que Québec demande aux universités d'appliquer les taux de la politique salariale du gouvernement (PSG) à l'augmentation du coût des conditions de travail, et non seulement aux salaires. Il relativise la hausse de la masse salariale de la direction des universités, de 6,8% en moyenne par année. Il souligne que les recteurs québécois gagnent de 25% à 30% de moins que leurs homologues des autres provinces.

Questionné au sujet des traitements royaux qui ont fait les manchettes, M. Zizian a renvoyé la balle aux conseils d'administration concernés.

Pour le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, la règle budgétaire ne remet pas en question l'autonomie des universités. «Les universités ne sont pas des entreprises privées. Ce sont des institutions publiques consacrées au bien commun», a-t-il insisté.

Il a fait valoir que la croissance des salaires de la haute direction a été «très importante» dans les dernières années. Il entend «suivre de près» les politiques de rémunération globale afin d'éviter les cas «déraisonnables».

Pour la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, «il était temps que le gouvernement serre la vis aux recteurs».