Après un hiver très chaud avec les autochtones, voilà que le gouvernement Harper annonce son intention de promulguer une loi sur l'éducation des Premières Nations. Cette nouvelle est accueillie avec beaucoup de méfiance par ces peuples qui y voient une nouvelle tentative d'assimilation.

C'est notamment le cas de Raymond Sioui, conseiller aux dossiers nationaux au Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN). «L'assimilation, c'est cela qu'ils recherchent. Parce que si on a une éducation qui renforce notre identité, on revendique nos droits, et ça, ça ne plaît pas.»

Ottawa s'aventure sur un terrain glissant, alors que les autochtones pansent toujours les plaies de l'époque tragique des pensionnats, ces institutions dans lesquelles des milliers d'enfants ont été assimilés après avoir été arrachés à leur famille.

Les chefs autochtones du Québec se sont réunis la semaine dernière afin de se faire une tête sur cette loi en gestation. Une rencontre au sommet avec les gens d'Ottawa est prévue la semaine prochaine.

Performance scolaire

Dans le document de consultation, le ministère des Affaires autochtones explique sa volonté de promulguer une telle loi par la nécessité de rehausser la performance scolaire des jeunes autochtones qui affichent des taux de décrochage désolants.

Pour changer la donne, Ottawa prépare une réforme «qui créerait des normes et des structures, renforcerait la gouvernance et la reddition de comptes et établirait des mécanismes pour un financement stable, prévisible et durable».

En parcourant le document de consultation, qu'il juge très explicite, Jean-Charles Piétacho, chef de la communauté de Mingan, en arrive à la conclusion que les dés sont pipés et que le processus n'aura de consultation que le nom. «De toute façon, l'expérience nous apprend que les choses nous sont imposées sans qu'on ait notre mot à dire.»

Jusqu'ici, les écoles étaient financées par Ottawa sur la base de programmes, sans qu'une loi encadre le système éducatif autochtone.