La manifestation qui a eu lieu ce mardi après-midi à Montréal a tourné au vinaigre. Elle avait pris calmement son départ vers 14h45 au centre-ville, mais des affrontements ont éclaté peu après 16h, forçant l'intervention du service anti-émeute de la SQ.

Environ 5000 manifestants se sont réunis au square Victoria pour ensuite investir les rues du centre-ville de Montréal, tout juste après la clôture du Sommet sur l'éducation supérieure. 

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Le Service de police de la Ville de Montréal a déclaré la manifestation illégale dès son départ, aucun itinéraire n'ayant été remis par l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), instigatrice de l'événement.

L'ambiance était plutôt calme jusqu'à 16h, mais boules de neige, des oeufs, dess pétards et de pierres ont été lancés contre des policiers et divers bâtiments, comme les bureaux de Loto-Québec. Une vitre de l'UQAM a été brisée. La circulation au centre-ville a été fortement perturbée, notamment celle des bus de la STM.

Peu après 16h, les choses se sont envenimées.

Devant l'ITHQ les policiers disent avoir été l'objet d'attaques de manifestants après qu'ils eurent arrêté l'un d'entre eux. Les marcheurs, eux, répliquent que ce sont les policiers qui ont semé la pagaille lorsqu'un peloton du groupe d'intervention a séparé la foule en deux de façon plutôt musclée.

Quoi qu'il en soit, le virage pris à cet instant a été irréversible.

Des dizaines de boules de neige ont été lancées aux policiers, lesquels ont procédé à des arrestations parfois musclées, y allant de plaquages et de coups de pieds brutaux. En réplique, un jeune homme a lancé aux agents un bâton de bois servant à tenir une pancarte. Un autre a frappé un policier en plein thorax avec la hampe d'un drapeau noir.



D'autres ont utilisé les clôtures de chantier ceinturant le carré Saint-Louis pour ériger une barricade devant les agents, en vain.

Les bombes assourdissantes ont alors résonné et la foule s'est dispersée en petits groupes dans les rues environnantes. 



Au total, treize personnes ont été arrêtées: cinq pour agression armée envers des policiers, six pour attroupement illégal, une autre pour avoir commis des méfaits sur des véhicules et une dernière pour avoir eu en sa possession du matériel incendiaire.

«Tout n'est pas réglé»

Le rassemblement se voulait, au dire de l'ASSÉ, un plaidoyer en faveur de la gratuité de l'éducation au Québec, après un sommet au cours duquel le gouvernement s'est montré inflexible sur la question de l'indexation des droits de scolarité.

«Nous sommes ici pour démontrer que tout n'est pas réglé», a dit Marianne Chartand, étudiante.

Rue Sherbrooke, Luc Fournier, un travailleur, regardait la manifestation. «Ils ont gagné en partie leurs revendications. Je crois que la paix sociale devrait revenir.» Cet homme de Sherbrooke est séduit par l'idée de la modulation des droits de scolarité en fonction du coût des programmes d'étude.

Québec solidaire a appuyé la manifestation de l'ASSÉ. Les députés Françoise David et Amir Khadir y ont participé. Le parti de gauche est le seul à prôner la gratuité scolaire à l'Assemblée nationale.

Photo Ryan Remiorz, La Presse Canadienne

Les étudiants «floués»

L'ASSÉ a décidé il y a plusieurs jours de boycotter le Sommet sur l'enseignement supérieur, au motif que les thèmes qu'elle voulait voir figurer à l'ordre du jour n'aient pas été retenus.

Elle a qualifié l'indexation d'«inacceptable». «L'indexation, ce n'est pas accepté par l'ASSÉ, ce n'est pas accepté par le mouvement étudiant, ce n'est pas accepté par des centaines de milliers de Québécois qui se sont levés ces derniers mois pour défendre une conception différente de l'éducation», a déclaré Jérémie Bédard-Wien, porte-parole de l'ASSÉ, avant le début de la manifestation.

«Je ne suis pas surprise de la tournure du sommet, a confié à La Presse une manifestante du collège du Vieux-Montréal. Mais j'en veux un peu à l'ASSÉ d'avoir refusé d'y participer. Même si la gratuité n'était pas à l'ordre du jour, ils auraient pu forcer l'assistance à les écouter sur le sujet. Après, si ça échoue, là, il y a matière à manifester. Sinon, je trouve que la proposition du recteur de l'Université de Montréal, de moduler les frais en fonction du type d'études et de la capacité de payer après, était une piste intéressante pour trouver une solution plus égalitaire que l'indexation.»



Une autre manifestation en marge du sommet, lundi, avait abouti à plusieurs arrestations.

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