Faute de consensus, le gouvernement Marois a tranché: les droits de scolarité seront indexés de 3% par année, comme il le souhaitait. Malgré leur déception, les fédérations étudiantes se résignent.

> Sommet sur l'enseignement supérieur: êtes-vous satisfait?

«On est déçus que le gouvernement aille de l'avant avec l'indexation malgré l'absence de consensus. Mais les étudiants ne repartent pas les mains vides», a affirmé hier Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), au terme du Sommet sur l'enseignement supérieur.

Elle s'est réjouie du fait que le gouvernement acquiesce à la demande des fédérations étudiantes et des syndicats d'ajouter la question des frais institutionnels obligatoires (frais afférents) au mandat du chantier de travail sur la révision de la formule de financement des universités.

La FEUQ consultera ses membres au sujet de la décision sur les droits de scolarité. Mais des grèves «ne sont pas sur la table», a dit Mme Desjardins. Elle n'a pas voulu réitérer sa menace de faire campagne contre la réélection du Parti québécois si l'indexation était mise en place. On n'est donc manifestement plus dans l'affrontement.

Au terme du Sommet, la première ministre Pauline Marois a souligné «les avancées significatives» réalisées au cours des derniers jours. «Il n'y a pas de perdants ici aujourd'hui», a-t-elle soutenu. La «crise sociale» et «les divisions sont derrière nous. On repart sur de bonnes bases».

Il y a eu consensus sur la majorité des sujets de discussion, sauf en ce qui concerne les droits de scolarité. «Il était vraisemblablement très difficile d'arriver à un consensus, mais c'est au gouvernement à ce moment-là de prendre ses responsabilités. Je les assume», a déclaré Mme Marois.

À compter de l'automne, les droits de scolarité augmenteront d'environ 70$ par année. Cela correspond à une indexation de 3%, basée sur l'accroissement du revenu disponible des familles.

Les frais institutionnels obligatoires seront également indexés de 3%, comme prévu. Le gouvernement pourrait réviser sa position à la suite des recommandations du chantier de travail, attendues en juin 2014. «En cours de route, on pourrait remettre cela en question, mais pas l'indexation sur les droits de scolarité», a prévenu Mme Marois. Elle se défend toutefois d'avoir acheté la paix sociale.

Au terme des travaux qui ont duré une journée et demie, les étudiants ne sont pas «les grands perdants» du Sommet, a affirmé Éliane Laberge, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Elle a même soutenu que des «avancées majeures ont été faites sur le développement du réseau de l'enseignement supérieur» avec la création des cinq chantiers de travail, dont un sur l'aide financière aux études. Mais elle a déploré le fait que le gel ait été «tassé aussi rapidement».

Sa collège de la FEUQ croit aussi «qu'on est passé à côté d'avoir une réelle discussion» avec le refus du gouvernement de discuter des droits de scolarité dans un chantier. Mais elle a souligné que le mouvement étudiant avait déjà obtenu une «victoire» avec l'annulation de la hausse de 82% en sept ans prévue par le gouvernement Charest.

C'est lundi soir, en concluant la première journée, que le gouvernement a mis sur la table l'indexation des droits de scolarité. Une proposition qui a jeté un froid parmi les étudiants et les syndicats. Pauline Marois avait alors conseillé aux participants «de prendre la nuit pour y réfléchir».

Hier matin, les fédérations étudiantes ont demandé au gouvernement de repousser sa décision d'une année, le temps d'analyser, entre autres choses, les conditions de vie des étudiants. La demande a aussitôt été rejetée par le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne.

En plénière, les syndicats ont proposé, à tout le moins, de réviser la question des frais afférents, qui font grimper la facture étudiante en moyenne de 800$ par année. Dans la seule intervention qu'elle a faite sur le parquet hier, la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, a aussi demandé au gouvernement d'inclure les frais afférents dans le chantier sur la révision de la formule de financement des universités - ce à quoi le ministre a donné son accord quelques instants plus tard.

À la sortie de la salle, le secrétaire général de la Fédération des travailleurs du Québec, Daniel Boyer, a résumé l'esprit de résignation qui régnait. «On devra vivre les hausses qui sont proposées, malheureusement.» Elles sont à ses yeux «un brin plus acceptables» que celles du gouvernement Charest. «Le gouvernement avait véritablement l'intention d'indexer les droits de scolarité. Il n'y avait pas de place à la négociation. C'était canné à l'avance», a-t-il ajouté.

Il n'a jamais envisagé de claquer la porte, ce que les centrales syndicales et les associations étudiantes avaient fait lors de la Rencontre des partenaires du gouvernement Charest, en décembre 2010. «On ne veut pas passer pour des bébés lala toutes les fois qu'on n'a pas tout ce qu'on veut!» a-t-il lancé.