Le Sommet sur l'enseignement supérieur, qui devait permettre un large débat sur l'avenir des universités, suscite plus d'inquiétude que d'enthousiasme.

Dernière voix en lice, le nouveau recteur de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), Robert Proulx, s'inquiète de voir que la formule retenue - les intervenants présentent leur position à tour de rôle pendant quelques minutes seulement - laisse peu de place au véritable débat.

«Ce type de fonctionnement s'accorde mal avec une réflexion en profondeur sur le rôle des universités, et ça m'inquiète. Est-ce qu'il va sortir des choses? J'ai l'impression que le Sommet pourrait être un point de départ», a déclaré hier le recteur de l'UQAM. Il rencontrait les médias pour la première fois depuis son entrée en fonction, le mois dernier.

Droits de scolarité

Il refuse de se prononcer sur la question des droits de scolarité, à savoir s'ils devraient être gelés, indexés ou carrément abolis. Cette question doit faire l'objet d'un véritable débat social, croit-il.

M. Proulx déplore toutefois les décisions de l'ancien gouvernement libéral, qui a voulu hausser les droits de scolarité pour accroître le financement des universités. «La question des droits de scolarité et la question du développement des universités sont deux questions fort différentes. Le problème est qu'on les a mis en pleine confrontation.»

Le rôle des universités dans la société est très important, soutient M. Proulx. Il bondit dès qu'il est question de permettre à certaines universités qui font de la recherche de pointe de facturer des droits de scolarité plus élevés pour accroître leur financement, comme le préconise la Coalition avenir Québec.

Toutes les universités font de la recherche, dit-il. Certaines collaborent même dans des projets de recherche communs. Quant aux étudiants, ils se promènent d'un programme à l'autre, ce qui crée une mobilité entre les universités.

«C'est un leurre de penser qu'il y a des universités qui sont plus excellentes que d'autres», martèle le recteur.

Il est également opposé à la modulation des droits en fonction du programme d'étude, qui limiterait l'accès à certains d'entre eux.

M. Proulx le reconnaît lui-même, il est arrivé en poste «dans l'oeil du cyclone». L'UQAM a entrepris un plan de retour à l'équilibre et tente de se remettre du désastre dans lequel l'a plongé le fiasco de l'îlot Voyageur. L'établissement doit aussi éponger une facture inattendue de 20 millions en raison de la grève étudiante, en plus de faire face à des compressions imposées par Québec aux universités. Pour l'UQAM, les coupes sont de l'ordre de 13 millions.

«L'Université se retrouve dans un état où il est extrêmement difficile de s'imaginer comment on pourrait faire tout cela dans un délai aussi court sans altérer de façon grave la capacité de fonctionner et la capacité de développement de l'université», prévient-il.

Des discussions se poursuivent avec le gouvernement pour tenter de trouver des solutions.