Le scénario de la gratuité des études universitaires sera débattu au Sommet sur l'enseignement supérieur, à la fin février, a promis hier soir Pauline Marois, coupant ainsi court aux tergiversations de son ministre Pierre Duchesne sur cette question.

Devant 200 jeunes militants réunis pour souligner le 25e anniversaire du comité des jeunes du PQ, Mme Marois a ouvert la porte à la requête des jeunes qui, dans le mémoire préparé pour le sommet, demanderont un gel des droits de scolarité en attendant que les finances publiques permettent la gratuité complète.

«Entre ceux qui prônent la gratuité scolaire, un scénario que nous allons examiner au sommet, et ceux qui prônent une hausse importante des droits de scolarité, il y a certainement une position de compromis possible», a affirmé Pauline Marois, applaudie par l'auditoire.

Le sommet, indique-t-elle, portera sur le financement des universités, mais ne pourra faire abstraction des coûts des administrations. «Il faudra également en améliorer la gestion», a-t-elle prévenu. Les débats «seront vifs», prédit-elle, mais ils resteront loin des affrontements de l'an dernier, «conséquences d'une hausse brutale des droits et de la loi 12, abusive» [pour encadrer les manifestations].

Les jeunes prôneront le gel

Pour le président des jeunes péquistes, Frédéric Saint-Jean, une «petite minorité» de jeunes militants appuient la thèse de l'indexation des droits de scolarité. Il peine à expliquer pourquoi, jusqu'à tout récemment, le ministre Pierre Duchesne a été réticent à discuter du gel des droits, lui qui, à l'origine, soutenait péremptoirement que «tout [était] sur la table». «Tout était sur la table au départ, on comprend qu'il n'y a pas de consensus [au gouvernement]. La position de la gratuité pourra être discutée au sommet et le gel sera aussi sur la table», d'expliquer M. Saint-Jean.

M. Duchesne «nous explique que la situation financière du gouvernement ne peut justifier un gel dans l'immédiat. Nous, on lui rappelle que si la gratuité n'est pas possible dans l'immédiat, on va demander un gel», ajoute-t-il. La proposition à soumettre au conseil national, demain, était encore en rédaction. Pour ce qui est du mémoire que compte livrer l'aile jeunesse du PQ au sommet de la fin février, il est complété, a-t-il dit. Le débat, «on veut le faire dans les instances, au sein du parti, pas sur la place publique», affirme M. Saint-Jean.

Depuis son arrivée à la barre du PQ, en 2007, Mme Marois a rappelé que les jeunes du parti ont été un puissant vecteur de changement: le caucus des députés s'est renouvelé en profondeur et le Conseil des ministres de plus de 20 personnes ne compte que cinq vétérans. Les jeunes péquistes seront bientôt encouragés à faire la promotion de la souveraineté du Québec sur toutes les tribunes, et plus particulièrement dans les médias sociaux.

Le gouvernement a mis de l'avant un projet de loi qui devrait permettre aux étudiants de voter sur leur campus, aux prochaines élections, un scénario que n'aime guère le Parti libéral, a soutenu Mme Marois. «Les détenus peuvent voter dans les prisons, les personnes âgées, dans les centres d'accueil, et vous ne pouvez pas voter dans votre université!», a-t-elle relevé.

D'autres lois fondamentales seront changées: Québec a réduit à 100$ le plafond des contributions financières et veut empêcher que le déclenchement des élections demeure soumis aux «manigances» d'une seule personne.

Électricité et transports

Mme Marois s'est aussi engagée à ce que le Québec fasse un pas en avant spectaculaire en matière d'électrification des moyens de transport. Avec les richesses hydroélectriques et l'expertise québécoise pour la construction des bus et des trains, le Québec a tout à gagner en favorisant le développement des transports électriques. «Ce projet nous ramènera la fierté. C'est le chantier pour l'avenir du Québec», a-t-elle souligné.