Le fossé entre les universités québécoises et leurs homologues des autres provinces se creuse d'année en année et atteint maintenant 850 millions de dollars, soit le quart de leur budget de fonctionnement, affirment les recteurs dans une nouvelle étude.

À quelques jours de la tenue de la troisième rencontre thématique en vue du Sommet sur l'enseignement supérieur, ces nouvelles données publiées par la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) sont accueillies avec ouverture à Québec.

Des études antérieures réalisées par la CREPUQ ont démontré que le manque à gagner des universités québécoises par rapport aux universités canadiennes est passé de 375 millions en 2002-2003 à 620 millions en 2007-2008.

Le sous-financement s'est chiffré à 850 millions en 2009-2010, démontre maintenant la nouvelle étude. C'est 4090$ par étudiant à temps complet.

Pour les universités, cela représente le quart du budget de fonctionnement, affirme Michel Patry, directeur de HEC Montréal et membre de la direction de la CREPUQ.

«La tendance est lourde, l'écart s'est creusé. C'est un écart chronique qui nuit à la qualité de la formation», indique M. Patry. Si rien n'est fait, cet écart dépassera le milliard de dollars d'ici quelques années, prévient-il.

Cette étude est une mise à jour des travaux réalisés au tournant des années 2000. À l'époque, un comité mixte formé de la CREPUQ et du ministère de l'Éducation, sous la gouverne du Parti québécois, avait permis de chiffrer l'écart à 375 millions. La méthodologie utilisée avait alors été entérinée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton, rappelle la CREPUQ.

Les études subséquentes ont été faites selon la même méthode, en se basant sur le budget de fonctionnement, explique M. Patry.

«On a utilisé cette méthodologie parce que c'est la bonne», dit-il. Il fait valoir que l'inclusion des fonds d'immobilisation et des fonds consacrés à la recherche fausserait les données.

«Si vous prenez l'hypothèque de la maison pour payer la commande d'épicerie, vous avez un problème», lance-t-il.

La CREPUQ a remis son étude à la première ministre Pauline Marois lundi. Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, était aussi présent à la rencontre. Il s'est montré réceptif, lui qui a pourtant mis en doute le sous-financement des universités plus tôt cet automne et remis en question les chiffres des recteurs.

«On ne peut que donner le meilleur accueil à cette étude, ensuite en discuter et être capable de confronter des points de vue, mais de façon respectueuse», a déclaré le ministre en entrevue, mardi, tout en saluant l'initiative de la CREPUQ.

Le financement et la gouvernance sont à l'ordre du jour de la troisième rencontre thématique en vue du Sommet, qui se tient à Sherbrooke demain et vendredi. Au-delà de la question du sous-financement, c'est tout le mode de financement des universités qui risque de se retrouver au coeur des débats, puisque plusieurs considèrent qu'il n'est plus adapté à la réalité, souligne le ministre.