Après avoir vu défiler trois recteurs en deux ans et s'être fait durement taper sur les doigts par Québec pour sa mauvaise gestion de fonds, l'Université Concordia est prête à tourner la page.

C'est du moins ce qu'a juré hier son nouveau recteur, Alan Shepard, qui s'est présenté hier aux médias francophones pour la première fois depuis son entrée en fonction, en août dernier.

«L'institution a vécu une période de tension», a reconnu l'ancien professeur de littérature anglaise. «Un nouveau jour s'est levé sur Concordia. Je crois qu'on est sur la bonne voie.»

M. Shepard, qui peine à s'exprimer en français, dit avoir appris les leçons des dernières années. Les nouveaux contrats de travail des cadres prévoient notamment des primes de départ moins généreuses. L'an dernier, la ministre de l'Éducation Line Beauchamp avait imposé une pénalité de financement de 2 millions à l'Université pour la punir des parachutes dorés qu'elle accordait.

Quant à la question du sous-financement, qui déchire actuellement le monde universitaire, Alan Shepard se fait beaucoup plus prudent que les autres recteurs de la province.

«Nous devrions avoir un débat quant au bon niveau de financement», s'est-il limité à dire hier, avant de vanter l'idée d'un grand sommet pour discuter de la question. Concordia manque-t-elle de fonds pour jouer son rôle? «Concordia bénéficierait de plus de professeurs. [...] Nous avons environ 46 000 étudiants», a fait valoir M. Shepard, qui a expliqué que le ratio était plus acceptable à l'Université Ryerson, d'où il provient. En contrepartie, «Concordia gagne haut la main» quant à la qualité des installations physiques et des bâtiments, a-t-il estimé.

Un recteur unilingue

La Presse a été invitée à interviewer M. Shepard en anglais seulement, puisqu'il ne maîtrise pas le français. «Mon français parlé a encore du chemin à faire. Je suis un débutant, alors j'apprends», a-t-il résumé, sans placer une seule phrase dans la langue de Molière durant l'entrevue. Lorsqu'il rencontrera Pierre Duchesne, ministre responsable de l'Enseignement supérieur, il lui parlera en anglais et le ministre lui répondra en français, a proposé M. Shepard. «Ma compréhension du français écrit est plutôt acceptable et s'améliore», a-t-il toutefois ajouté.

Environ un étudiant de Concordia sur quatre a le français comme langue maternelle, contre 50% d'anglophones.

Joint hier après-midi, le ministre Pierre Duchesne a refusé de commenter la situation.