L'annonce tardive des agrandissements et des constructions de nouvelles écoles risque de compliquer la rentrée scolaire de 2013. Plusieurs laissent entendre que le retard dans les annonces serait lié au déclenchement imminent des élections.

C'est généralement au début du printemps que le ministère de l'Éducation procède aux annonces de subventions pour les écoles. Le mois de juin s'achève et elles se font toujours attendre.

«Si aucune annonce n'est faite, le manque de places va se faire sentir pour la rentrée 2013», s'inquiète le président de la commission scolaire des Portages-de-l'Outaouais, Jocelyn Blondin.

Cette région connaît une croissance démographique importante. Il faudrait 81 classes de plus d'ici à 2014, dont 60 classes dès la rentrée 2013. La commission scolaire a demandé trois nouvelles écoles et deux agrandissements.

Le temps commence à manquer. Il faut compter au moins 15 mois pour la construction d'une nouvelle école, et un peu moins pour un agrandissement, explique M. Blondin.

Le commissaire scolaire Alain Gauthier s'explique mal les retards, surtout que le Ministère est bien au fait des besoins.

Le dernier budget du gouvernement souligne même que 25 000 élèves de plus feront leur entrée dans les écoles du Québec en 2013, rappelle M. Gauthier.

La seule explication plausible reste le déclenchement imminent d'une campagne électorale afin que les députés «puissent se promener avec de beaux chèques en carton», croit-il. Une opinion que partagent plusieurs sous le couvert de l'anonymat.

Annonces à venir

Au cours des derniers jours, le cabinet de la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a procédé à des annonces dans les Laurentides et dans Lanaudière. D'autres sont à venir dans les prochaines semaines, confirme son attachée de presse, Kimberly Labar.

Au total, 46 projets totalisant 207 millions ont été approuvés, dont 8 nouvelles écoles, 26 agrandissements et 12 autres projets en lien avec des travaux dans les écoles.

Le fait que ces annonces surviennent plus tard cette année n'a rien à voir avec des élections, assure Mme Labar. «Il faut comprendre que le début de l'année a été extrêmement mouvementé [en raison de la grève].»

Beaucoup d'attente dans les écoles

Les annonces sont attendues impatiemment. La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), à Montréal, doit agrandir d'urgence trois écoles du secteur Saint-Laurent.

La CSMB a obtenu, en avril 2011, le financement pour une nouvelle école. Les discussions ont traîné pour l'acquisition d'un terrain, si bien que l'école ne pourra ouvrir à la rentrée 2013.

Les trois agrandissements totalisant 20 classes et 2 gymnases devraient permettre d'absorber le surplus d'élèves en attendant, indique le responsable des communications, Jean-Michel Nahas. «Nous sommes dans l'attente d'une réponse.»

Le surplus d'élèves se fait sentir ailleurs au Québec. À la commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, trois agrandissements d'école sont en cours. Trois autres devront être réalisés pour la rentrée 2013, sans quoi des élèves devront être déplacés, indique le président de la CSRS, Gilles Normand.

«Nous espérons toujours les réponses, sinon, ça risque d'être très compliqué», dit-il.

La semaine dernière, la commission scolaire English-Montreal a pour sa part obtenu l'aval pour ajouter quatre classes et un gymnase au collège Vincent-Massey. Une annonce plutôt rare pour cette commission scolaire qui vit une décroissance.

«Nous demandions cet agrandissement depuis plusieurs années. Nous pourrons accueillir une centaine d'élèves de plus», s'est réjouie la présidente, Angela Mancini, en expliquant que cette école à vocation particulière refuse quelques centaines d'élèves chaque année.