Les universités montréalaises ont déboursé plus de 1 million de dollars depuis le début du conflit étudiant pour embaucher des agents de sécurité de firmes privées, afin d'assurer la sécurité de leur campus.

Des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information révèlent que l'Université du Québec à Montréal (UQAM) a essuyé la facture la plus importante.

De la mi-février au 25 mai, l'UQAM a déboursé 840 000$ pour embaucher des agents au privé afin de prêter main-forte à ceux qui travaillent habituellement sur le campus.

Fermeture du campus

La proximité du parc Émilie-Gamelin, d'où partent les manifestations nocturnes et où elles se terminent, n'est pas étrangère à cette situation, explique la porte-parole de l'UQAM, Jenny Desrochers.

«Il fallait agir de la sorte par mesure de prévention pour sécuriser notre campus», dit-elle.

Peu de manifestations ont toutefois donné lieu à du grabuge ou du vandalisme dans les pavillons de l'université. Le campus a été fermé pour une journée, en mars, parce que l'administration avait eu vent d'une occupation nocturne. Des étudiants ont aussi tenté de bloquer l'accès aux locaux à quelques reprises.

De son côté, l'Université de Montréal a dépensé 91 000$ de la mi-février au 20 avril pour l'embauche d'agents de sécurité de firmes privées. Éloignée du coeur des manifestations, l'université a surtout fait appel à des firmes privées en raison du vandalisme dont elle a été victime.

Vandalisme

Pour la seule semaine du 15 au 21 avril, au lendemain d'actes de vandalisme survenus dans le hall d'honneur et dans l'amphithéâtre, l'Université de Montréal a déboursé 28 732$ pour l'embauche d'agents de sécurité de la firme BEST. La présence de ces agents avait été décriée, tant par les étudiants que les professeurs.

«Cette semaine-là, nous avons dû engager plus d'agents pour augmenter la sécurité», indique la directrice des communications à l'Université de Montréal, Sophie Langlois.

La présence d'agents de sécurité s'est faite plus importante lors de certains événements spéciaux. Ce fut le cas lors de l'assemblée universitaire du mois d'avril et de la collation des grades des doctorants, la semaine dernière.

Depuis deux semaines, la situation s'est toutefois calmée sur le campus, précise Mme Langlois, au point où l'Université de Montréal n'a plus recours qu'à ses agents de sécurité internes qui travaillent normalement sur le campus, sauf dans le cas d'événements spéciaux.

Un peu moins touchée par la grève étudiante, l'Université McGill a tout de même déboursé près de 250 000$ pour le recours à des firmes de sécurité privée pour les mois de février et de mars.

Occupation de cinq jours

La facture a gonflé surtout en raison de l'occupation du bâtiment administratif pendant cinq jours au début du mois de février, un événement qui n'est pas directement lié à la grève étudiante. L'embauche d'agents supplémentaires pour assurer la sécurité de l'édifice en février et en mars a coûté près de 214 000$.

La protection du campus lors des manifestations a coûté environ 30 000$. L'université a aussi payé 12 000$ en heures supplémentaires pour le personnel permanent depuis le début de la grève.

L'Université Concordia a pour sa part refusé de divulguer l'information demandée.

Ailleurs dans la province, l'Université du Québec en Outaouais a aussi eu recours à des firmes de sécurité privées lors de manifestations qui ont dégénéré sur son campus. Du début de la grève, le 23 mars, à aujourd'hui, l'embauche de ces agents a coûté un peu plus de 121 000$.

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Facture salée pour les services policiers

Le conflit étudiant coûte cher aux services de police. En date du 12 mai, les dépenses engendrées par les manifestations étudiantes étaient estimées à 347 000$ pour le Service de police de la Ville de Québec. À Sherbrooke, ces coûts étaient évalués à 170 200$ en date du 20 avril, indiquent des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Depuis le début de l'année, les heures supplémentaires ont coûté un demi-million à Sherbrooke. C'est en moyenne 32 000$ par semaine. À titre comparatif, la facture d'heures supplémentaires pour les policiers avait atteint un sommet en 2007 avec 1,5 million, ce qui représentait alors 29 000$ par semaine.

- Avec la collaboration de William Leclerc