Après avoir dénoncé la «judiciarisation du conflit», la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) lance elle-même une poursuite, a appris La Presse.

L'association demande une injonction contre le cégep de Saint-Hyacinthe pour l'empêcher de mener une consultation électronique auprès des étudiants afin de reprendre les cours mercredi. Elle estime qu'une telle mesure passerait outre le rôle de représentation de l'association - comme si un patron présentait directement ses offres aux salariés plutôt qu'au syndicat.

«C'était important de réagir rapidement pour que ce phénomène ne se reproduise pas partout», a expliqué Léo Bureau-Blouin, président de la FECQ.

Vendredi, la direction du cégep a directement invité ses étudiants à répondre à un sondage en ligne. Estimant que leur grève déclenchée le 15 mars a atteint «un point critique», la direction souhaite les consulter sur une possible reprise des cours dès mercredi matin. «Il est de plus en plus difficile de réaménager un calendrier scolaire fonctionnel qui ne nuirait pas à la qualité de la formation dispensée», explique le cégep dans une lettre à ses étudiants.

La FECQ, qui représente le Regroupement des étudiants du cégep de Saint-Hyacinthe, n'accepte pas de voir la direction contourner ainsi les représentants étudiants. Surtout que, la veille du lancement de la consultation électronique, les étudiants avaient voté par une mince majorité pour la poursuite du débrayage (847 pour et 832 contre).

«On est devant une situation où l'administration du collège veut carrément passer outre à la démocratie», a-t-il affirmé, soulignant que la précédente reconduction de grève s'était décidée par un vote secret.

La FECQ assure que ces votes sont représentatifs, puisque le taux de participation a frôlé les 50%, 1700 membres y ayant pris part sur 3450. Un nouveau vote est prévu jeudi.

L'injonction a été transmise hier soir au directeur général du cégep, Roger Sylvestre.