Laurent Proulx, étudiant à l'Université Laval, à Québec, a demandé à la Cour supérieure de rendre une injonction pour que disparaissent les rares piquets de grève qui bloquent l'accès aux cours.

Il s'agit de la troisième cause portée devant les tribunaux pour contester le mouvement de grève déclenché par les associations étudiantes.

Vendredi, deux juges appelés à se prononcer sur des cas similaires ont  rendu des décisions contradictoires. À l'Université de Montréal, Guillaume Charrette, inscrit en droit, a vu sa requête rejetée. Il alléguait que ceux qui ont payé pour obtenir un enseignement ont le droit d'aller en classe sans subir d'obstruction.

Le même jour, à Alma, le juge Jean Lemelin a donné raison à Sophie Déry. La cégépienne réclamait la reprise des cours au Collège d'Alma, touché par un débrayage depuis le 19 mars. Elle soutenait que le vote sur la grève était entaché d'irrégularités.

Joint dimanche, Laurent Proulx a déclaré qu'il ne sait pas si le dossier soulevé d'Alma aurait «un effet» sur la requête qu'il a signifiée avec une dizaine de collègues de l'Université Laval. «Mais c'est sûr que ce n'est pas une mauvaise nouvelle.»

M. Proulx a indiqué que sa détermination n'avait pas été ébranlée par le refus de la Cour de rendre l'injonction demandée par Guillaume Charrette. Sa cause n'était pas très solide puisque, comme il n'avait manqué que deux jours de classe, il ne pouvait démontrer un «préjudice grave», a avancé Laurent Proulx.

À l'Université Laval, dans quelques départements des sciences sociales, les piquets de grève tiennent depuis la mi-février, a-t-il poursuivi. Le «préjudice», a-t-il laissé entendre, c'est une grève d'une longueur sans précédent qui le prive des cours pour lesquels il a payé. Les crédits universitaires qu'il veut obtenir lui sont nécessaires «pour être admis en droit».

Quoi qu'il en soit, le verdict devrait tomber rapidement. Une injonction est «une demande d'urgence», a-t-il rappelé. M. Proulx entend toujours poursuivre en cour des petites créances l'Association des étudiants en anthropologie de l'Université Laval, à qui il réclame 200 $ pour chaque cours manqué.

Les associations ouvrent l'oeil

Par ailleurs, un autre inscrit de la faculté des sciences sociales, Nader Daher, a communiqué avec Le Soleil pour dénoncer les propos injurieux que Laurent Proulx aurait tenus à son sujet sur Facebook. M. Proulx s'est borné à dire qu'il n'avait pas de commentaire à faire à ce sujet.

L'Université a été convoquée par huissier pour une comparution, ce matin. Mise en cause, la CADEUL (Confédération des associations étudiantes de Laval) a indiqué qu'un avocat serait sur place pour veiller à ses intérêts.

Le groupement étudiant le plus combatif, la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), n'y sera pas, mais son dirigeant, Gabriel Nadeau-Dubois, a assuré que la CLASSE suivrait l'affaire de près.

M. Nadeau-Dubois a signalé que la CLASSE entend faire casser le jugement rendu à Alma. Il trouve «très, très dommage que les tribunaux s'en mêlent» et encore plus «que les étudiants se poursuivent l'un l'autre. Nous croyons que le débat sur la grève étudiante est un débat social, pas judiciaire».

En ce qui concerne le bras de fer qui oppose sa coalition à la ministre Line Beauchamp, «il n'y a rien de nouveau». La CLASSE exprime sa «volonté de dialogue avec le gouvernement sur l'enjeu de fond», soit les droits de scolarité et le financement des universités. Mais il ne voit aucune bonne foi de la part de la ministre de l'Éducation.