Le budget Bachand est «extrêmement provocant» et les étudiants en grève comptent bien y répliquer, a fait valoir aujourd'hui la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).

«Le ton devrait hausser significativement, a menacé Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole du groupe étudiant. Les choses vont sérieusement se corser au Québec.»

Demain, l'ensemble du mouvement étudiant prévoit un grand rassemblement à Montréal. Certaines associations étudiantes disent viser une participation de 100 000 protestataires.

Mais avant même la manifestation, la CLASSE prévoit une mystérieuse «action de perturbation économique». Le rendez-vous est prévu au carré Berri, mais les étudiants se déplaceront par la suite. «Les gens commencent sérieusement à être impatients», a expliqué M. Nadeau-Dubois.

Une attaque contre la classe moyenne?

Par ailleurs, au lendemain du blocage du pont Champlain par un groupe d'étudiants, certains leaders du mouvement de grève veulent dépeindre la hausse des droits de scolarité comme une attaque envers la classe moyenne.

Les deux fédérations étudiantes (la FECQ au collégial et la FEUQ à l'universitaire) soutiennent qu'elles n'ont rien à voir avec l'organisation de cette action qui a frustré bien des automobilistes. Mais c'est contre le gouvernement que les citoyens pris en otage devraient se retourner, selon eux.

Les prêts et bourses aident les jeunes de familles démunies à accéder à l'université, mais ceux de la classe moyenne sont délaissés, selon Martine Desjardins, présidente de la FEUQ. Le montant versé par le gouvernement est inversement proportionnel aux revenus des parents. «On exige d'une famille gagnant 60 000 $ qu'elle verse 5700 $ à son enfant», a illustré la leader étudiante, qualifiant le calcul d'«irréaliste».

La hausse des droits de scolarité touchera donc la classe moyenne de plein fouet, selon Mme Desjardins. Les étudiants boursiers verront le soutien qu'ils reçoivent augmenter pour compenser totalement l'augmentation. Les jeunes qui ne touchent que des prêts ou dont les parents touchent un salaire un peu trop élevé pour recevoir de l'aide financière devront encaisser le coup, rappelle Martine Desjardins.

Médiation possible?

Les deux fédérations étudiantes se sont exprimées en faveur d'une médiation entre le gouvernement et le mouvement étudiant. Elles refusent toutefois de négocier une hausse des droits de scolarité. Une médiation servirait plutôt à évaluer la possibilité pour le gouvernement d'aller chercher de nouveaux revenus et à mieux encadrer la gestion des fonds publics par les universités.

Le recteur de l'Université du Québec à Rimouski, Michel Ringuet, a déjà évoqué l'idée de recourir à un médiateur pour sortir de l'impasse.

Jusqu'à présent, aucune rencontre n'a eu lieu entre Line Beauchamp et les représentants du mouvement étudiant. La ministre de l'Éducation a fait valoir à plusieurs reprises que la décision du gouvernement était irrévocable.