Montréal demande aux étudiants qui manifestent quotidiennement contre la hausse des frais de scolarité d'éviter de se joindre à la manifestation contre la brutalité policière, prévue jeudi soir. Le responsable de la sécurité publique au comité exécutif, Claude Trudel, craint que cette marche se termine encore cette année par des actes violents.

«C'est une situation délicate. Chaque année, ça tourne plutôt mal. Des fois plus, des fois moins. Si j'étais étudiant ou leader étudiant, je me tiendrais loin de cette manifestation», a indiqué l'élu lors d'un point de presse, mercredi après-midi.

Tenues chaque mois de mars, les manifestations contre la brutalité policière se terminent fréquemment par des affrontements entre participants et forces policières. Plusieurs arrestations sont dénombrées chaque année. Les étudiants pourraient être tentés de se joindre à ce cortège, mais s'exposent à «une situation délicate», craint M. Trudel. «On va respecter leur droit s'ils veulent s'y joindre, mais il y a des risques. Ça finit malheureusement toujours par un peu de casse. Je ne voudrais pas que des étudiants qui manifestent de bonne foi, ont un message à passer, soient pris dans une situation délicate.»

Claude Trudel estime que les policiers ont encore le contrôle de la situation même si les manifestants paralysent quotidiennement la métropole. «Les policiers ont le contrôle de la situation, mais il y a des manifestations plus spontanées que d'autres», a-t-il défendu. La fatigue des agents après autant d'interventions ne se serait pas encore fait sentir, selon l'élu. «Comme dans tout domaine, la résistance physique peut diminuer avec le temps, mais on n'en est pas là.»

Claude Trudel s'est par ailleurs prononcé en faveur de l'utilisation des grenades sonores pour disperser les manifestants, malgré qu'un jeune étudiant risque de perdre un oeil après l'explosion de l'un de ces dispositifs la semaine dernière. «C'est un moyen correct. Il peut arriver des incidents. On verra ce que l'enquête sur l'incident de la semaine dernière va donner, mais c'est un moyen qui, théoriquement, quand bien employé, est moins dangereux qu'un coup de bâton.»

Le grand responsable de la sécurité publique n'a pas l'intention de convoquer le SPVM en Commission municipale pour défendre son usage de la force, comme le réclame le conseiller d'opposition Réal Ménard. «Ça ne nous regarde pas. On n'est pas une commission d'enquête. Il y a déjà une enquête et on verra ce que ça donnera.»