La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a imposé une pénalité de deux millions de dollars à l'Université Concordia pour sa mauvaise gestion de fonds.

Sous le règne de l'ex-rectrice,  Judith Woodsworth, qui a elle-même quitté à mi-mandat pour retourner à l'enseignement, cinq cadres se sont partagé 3,1 millions de dollars en salaire et indemnités de départ.

Ted Novak et Saad Zubair, tous deux remerciés en septembre 2009, ont touché des primes de 605 000$ et de 639 000$, en contestant leur congédiement devant la Commission des relations de travail.

La vice-rectrice au soutien universitaire et aux relations avec les diplômés, Kathy Assayag, a reçu 700 000$ lorsqu'elle a quitté son emploi «pour des raisons personnelles», en septembre 2010.

Deux autres cadres, Jean Brisebois, directeur du service de la sécurité, et Larry English, chef de la direction financière, se sont partagé 461 000$ à leur départ à la retraite.

Par ailleurs, Judith Woodsworth avait elle-même fait les manchettes au début de 2011, puisqu'elle avait reçu un chèque de 747 045$ en quittant son poste à mi-mandat.

Hier, la ministre a fait parvenir une lettre au président du conseil d'administration de l'Université Concordia, Peter Kruyt, dans laquelle elle souligne le «caractère inapproprié» de certains des choix de gestion.

«J'ai mentionné à plusieurs reprises mon inquiétude relativement à la succession de départs à l'Université Concordia et à l'incidence budgétaire qui en découlait. L'Université Concordia a fait preuve d'un manque de rigueur et elle doit faire face aux conséquences», a déclaré la ministre Beauchamp dans un communiqué de presse vendredi.

Les étudiants contrariés

Martine Desjardins, la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, croit que les primes de départ accordées à l'université Concordia ne sont qu'un cas parmi tant d'autres. «Les universités nous disent être sous-financées et elles se permettent de prendre de l'argent des contribuables et de la mettre dans les poches de certains individus. Ce n'est pas du tout cohérent. On ne peut pas demander aux étudiants et à leurs familles de faire leur part alors que de l'autre côté, on continue de vivre un train de vie important», a-t-elle déclaré.

Léo Bureau-Blouin, le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, craint que les droits de scolarité servent à enrichir certains cadres. «En imposant une pénalité, la ministre reconnait qu'il y a un problème de mauvaise gestion. Je pense que la prochaine étape logique serait de mettre sur la glace le projet d'augmenter les droits de scolarité et de faire le ménage dans les universités. Ça serait un geste responsable de la part de la ministre.»

Par ailleurs, Éric Caire, le porte-parole en matière d'éducation à la Coalition Avenir Québec, a demandé des explications au nouveau candidat péquiste dans la circonscription de Saint-François. Réjean Hébert a reçu une prime de départ de 115 445$ de l'Université de Sherbrooke, en septembre 2010.

L'Université Concordia a de son côté assuré qu'elle allait embaucher une firme pour réviser les procédures d'embauche et de versement de salaire.

L'Université Concordia a refusé de nous accorder une entrevue téléphonique. Dans un communiqué, le président et vice-recteur, Frederick Lowy, a affirmé que l'université «agira en conformité avec ses responsabilités». Un cabinet de vérification sera également engagé pour réviser les pratiques d'embauches et de versement de salaire de l'établissement.