Davantage de professeurs réguliers, baisse du ration étudiants-professeur par cours, laboratoires informatiques et équipements à la fine pointe: la hausse des droits de scolarité permettra un rehaussement du financement des universités, ce qui améliorera du coup la valeur du diplôme.

C'est ce que promet le gouvernement Charest pour justifier la hausse de 75% en cinq ans des droits de scolarité qui sera imposée à compter de l'automne prochain.

Le plan de financement est détaillé dans un document d'une cinquantaine de pages produit par le ministère des Finances.

Ce réinvestissement répond notamment à une demande pressante des recteurs qui décrient depuis plusieurs années le sous-financement des universités. La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec a chiffré le manque à gagner à 650 millions en 2010.

«Tous les élus de l'Assemblée nationale du Québec reconnaissent le besoin de mieux financer les universités», souligne la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, en entrevue à La Presse.

En choisissant d'augmenter les droits de scolarité, le gouvernement augmente la contribution des étudiants et diminue la sienne, qui se maintient toutefois au-dessus de 50%.

Les étudiants sont appelés «à faire leur juste part», s'est souvent défendue la ministre. «Ce sont les contribuables qui font la plus large part. Je vous rappelle que 430 millions sur les 850 millions [de revenus additionnels] proviennent carrément des impôts et des taxes des Québécois.»

Québec entend aussi demander au secteur privé et aux particuliers - notamment les diplômés - de s'engager davantage au moyen de la philanthropie.

Bon an, mal an, les universités peuvent compter en moyenne sur 111 millions provenant de dons et de legs. Le gouvernement souhaite augmenter cette somme à 165 millions d'ici cinq ans.

Un défi d'équité quand l'on considère que les universités anglophones que sont McGill, Concordia et Bishop's recueillent à elles seules près de la moitié des dons et des legs. Au Québec, à peine 6% des dons provenaient des particuliers en 2008-2009, un taux qui grimpait à 42% ailleurs au Canada.

Des mécanismes financiers seront mis en place de façon à moduler les contributions selon la taille et le bassin des universités, de façon par exemple à ne pas défavoriser une plus petite université en région comparativement à une université qui accueille une nombreuse clientèle.

Un modèle qui a fait ses preuves dans le domaine de la culture, soutient Mme Beauchamp, ancienne ministre de la Culture.

Les universités devront diriger leur financement dans des secteurs précis. De 50 à 60% doivent ainsi être affectés à la qualité de l'enseignement tandis que de 15 à 25% seront dévolus à la qualité de la recherche. Pour un total d'environ 400.

Il est important pour les universités québécoises de se démarquer, croit Mme Beauchamp. Cette somme permettra notamment «l'embauche de professeurs réguliers, le démarchage et l'embauche de professeurs renommés qui deviennent des figures de proue dans l'univers de la recherche».

En échange de ce coup de pouce financier, les universités devront toutefois signer des ententes avec Québec. Ces contrats détermineront des indicateurs de qualité pour «l'amélioration de la performance globale» qui devront être respectés, sans quoi le gouvernement pourrait imposer des pénalités financières. Québec s'attend entre autres à voir une augmentation du nombre de diplômés.

Il était nécessaire de donner un coup de barre, croit Claude Montmarquette, président et directeur général du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), qui a produit de nombreuses études sur la question.

«Le constat qui a été fait est que les universités québécoises ne sont plus en mesure d'être compétitives avec le reste du monde.»

M. Montmarquette estime qu'il n'y avait pas de solutions de rechange à la hausse des droits de scolarité; il y a une limite à taxer les contribuables et les entreprises.

En revanche, il suggère, comme d'autres, de moduler les droits de scolarité en fonction des programmes d'études. Le remboursement proportionnel au revenu pourrait aussi faire en sorte que le nouveau diplômé commence à rembourser sa dette seulement lorsque son revenu atteint un certain seuil.

Des propositions qui n'ont pas eu d'écho à Québec. Le gouvernement entend cependant utiliser 35% des revenus provenant de la hausse des droits de scolarité pour bonifier le programme de prêts et bourses.