Les policiers anti-émeute de la Sûreté du Québec sont intervenus jeudi en fin d'après-midi pour contenir une manifestation d'étudiants devant l'Assemblée nationale.

La manifestation avait commencé dans le calme mais la tension s'est mise à grimper lorsque des individus ont tenté de forcer un barrage de policiers bloquant l'accès à la cour du parlement.

Les forces de l'ordre ont alors lancé des grenades lacrymogènes pour disperser la foule réunie pour protester contre la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement Charest.

Quelques projectiles, notamment des balles de neige, ont été lancés en direction des policiers pendant la bousculade. En début de soirée, la Sûreté du Québec ne rapportait toutefois aucune arrestation.

Venu appuyer la cause étudiante, le député péquiste Denis Trottier s'est retrouvé du mauvais côté de la clôture et a été légèrement bousculé lorsque les policiers ont resserré le périmètre. Il n'a pas été blessé mais l'expérience lui a laissé un goût amer.

«C'est avec nos taxes qu'on te paie!», a-t-il signifié à un agent qui lui intimait de circuler.

«On a l'impression d'être en état de guerre», a poursuivi l'élu de Roberval, jugeant l'intervention policière excessive.

Peu avant 17h00, un leader du mouvement étudiant a appelé les manifestants à se disperser et à monter à bord des autobus pour le retour.

Les quelques milliers d'étudiants et des sympathisants s'étaient rassemblés au parc des Braves en début d'après-midi, sur le Chemin Sainte-Foy, avant de se diriger vers la colline parlementaire.

«Nous luttons pour la démocratie et la justice sociale», a martelé un leader du mouvement à l'arrivée des manifestants devant le parlement.

«On va faire plier le gouvernement comme en 2005. Continuez à manifester, à bloquer et à faire des occupations!», a-t-il clamé.

À l'Assemblée nationale, l'opposition péquiste a exhorté le gouvernement Charest à négocier une sortie de crise avec les étudiants en grève.

Le Parti québécois s'oppose à la hausse des droits de scolarité et plaide pour un nouveau gel des tarifs.

La députée péquiste Marie Malavoy croit que la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, devrait convoquer les leaders étudiants pour une réunion au sommet.

«C'est dans la poche des étudiants qu'on va piger. La décision est mauvaise et c'est pourquoi cette mobilisation s'accentue. L'entêtement de la ministre et du gouvernement fait que la mobilisation va augmenter. Est-ce que la ministre pourrait prendre ses responsabilités et tenter de dénouer la crise en rencontrant les associations étudiantes?», a lancé Mme Malavoy, porte-parole du PQ en matière d'enseignement supérieur.

La ministre Beauchamp est cependant demeurée imperturbable. La décision est prise, la hausse demandée est raisonnable et les étudiants doivent payer leur juste part, a-t-elle fait valoir.

Mme Beauchamp a rappelé que les étudiants québécois ne paieront que 17 pour cent de la valeur de leur diplôme en dépit des augmentations inscrites au budget «La décision prise, elle est comprise par une bonne partie de la population et aussi par une partie de la population étudiante», a-t-elle insisté.

La ministre a par ailleurs qualifié «d'irresponsables» les propos tenus plus tôt cette semaine par Amir Khadir, de Québec solidaire.

Refusant de condamner les actions d'éclat comme les blocages de rues et de ponts, le porte-parole de la formation de gauche a invité les étudiants à investir massivement la rue pour forcer le gouvernement à plier l'échine.

Plus de 84 000 étudiants collégiaux et universitaires sont présentement en grève générale illimitée pour exprimer leur désaccord avec l'augmentation annuelle de 325 $ des droits de scolarité pendant cinq ans imposée par Québec.