Deux semaines après le déclenchement des hostilités, le mouvement de grève continue à prendre de l'ampleur dans les cégeps et les universités de la province.

Cette semaine, 70 000 étudiants et cégépiens de plus décideront s'ils demeurent dans les salles de classe ou s'ils choisissent la rue. Ces renforts pourraient faire doubler le nombre de grévistes sur les piquets.

Les leaders du mouvement promettent une semaine agitée à la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp. Actions symboliques, marches et occupations devraient culminer jeudi, à l'occasion d'une manifestation nationale à Québec. Selon le porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), plus de 10 000 manifestants sont attendus.

Pas de négociations

Si le nombre d'étudiants en grève ne cesse d'augmenter, les deux parties refusent catégoriquement de négocier. Tant le cabinet de la ministre Beauchamp que le mouvement étudiant campent sur leurs positions et affirment qu'aucun compromis n'est possible.

«On n'a pas de position de négociation», explique Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). Son organisation tente de rencontrer le gouvernement dans le cadre de consultations prébudgétaires pour le convaincre de mieux contrôler les dépenses des universités. Mais sur le fond, la FEUQ «ne va pas aller négocier [l'] appauvrissement», plaide Mme Desjardins.

Même son de cloche du côté de la CLASSE. Gabriel Nadeau-Dubois, qui représente l'association, affirme qu'il souhaite rencontrer Line Beauchamp afin de lui soumettre des idées pour accroître les revenus du gouvernement.

Au cabinet de Line Beauchamp, on réitère que la hausse des droits de scolarité est une décision budgétaire qui ne sera pas modifiée.

Prenant le relais du mouvement étudiant, Amir Khadir déposera aujourd'hui une motion de censure à l'Assemblée nationale afin de «blâme[r] le gouvernement libéral pour la grave atteinte à l'accessibilité aux études et au droit à l'éducation».

Au printemps dernier, le gouvernement Charest a annoncé que la facture étudiante grimperait de 75% d'ici à 2017, passant d'environ 2200$ à 3800$ par année. Elle demeurera toutefois parmi les moins chères au pays, plaide Québec.

Parmi les grands établissements qui pourraient se joindre au mouvement d'ici la fin de la semaine, on compte le cégep Dawson et ses 10 500 élèves, ainsi que les cégeps d'Alma, de Rimouski, de Saint-Jean et le collège Lionel-Groulx.

Les protestataires s'activent

Hier, des étudiants montréalais ont organisé deux sorties publiques. En fin de matinée, une cinquantaine de jeunes se sont bruyamment rassemblés devant le siège du réseau TVA, boulevard De Maisonneuve Est, et ont frappé sur les vitrines de l'immeuble.

Ils voulaient dénoncer les propos de l'animateur Jean-Luc Mongrain lors du blocage du pont Jacques-Cartier, survenu jeudi dernier à l'issue d'une grande manifestation. Le commentateur avait vivement critiqué ce geste.

Dans l'après-midi, c'est un groupe de taille similaire qui a marché dans les rues de Montréal-Nord, dans la circonscription de la ministre Beauchamp. Les manifestants ont scandé leur opposition à la hausse des droits de scolarité devant son bureau, boulevard Henri-Bourassa.

- Avec David Santerre