Un pas important pourrait être franchi, lundi soir à la Chambre des communes, dans le but de réaliser le rêve de Shannen Koostachin: offrir une éducation de meilleure qualité aux jeunes autochtones vivant sur les réserves.

Les députés sont appelés à voter en faveur d'une motion présentée par le Nouveau Parti démocratique (NPD) en mémoire de cette jeune fille qui a péri en mai 2010, à l'âge de 14 ans, dans un terrible accident de la route.

La motion, qui sera vraisemblablement appuyée par tous les partis politiques, y compris les membres du gouvernement Harper, stipule entre autres que «tous les enfants autochtones ont droit à une éducation de qualité supérieure qui tient compte de leur culture», et qu'Ottawa doit s'engager «à fournir toute l'aide financière et stratégique nécessaire pour soutenir les systèmes d'éducation des Premières Nations».

Le gouvernement fédéral est responsable des écoles dans les réserves autochtones. Mais en moyenne, il consacre 3000$ de moins par enfant pour l'éducation que les provinces.

Dans un rapport publié en 2009, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a affirmé que seulement 49% des écoles sur les réserves étaient dans un état acceptable. Plusieurs écoles sont dans un état lamentable: elles sont infestées de rats ou de serpents ou encore sont contaminées par des champignons.

«Le rêve de Shannen se poursuit, même si elle n'est plus avec nous. Shannen était une véritable inspiration pour les jeunes autochtones. Elle est devenue le symbole d'une bataille importante pour les jeunes de son âge au pays», a expliqué le député néo-démocrate de Timmins-James Bay, Charlie Angus.

Shannen est cette jeune fille de la réserve d'Attawapiskat qui, à l'âge de 13 ans, est allée à Ottawa en compagnie d'une délégation d'élèves de 8e année de sa communauté en 2008 afin d'implorer le gouvernement fédéral de construire une nouvelle école primaire adéquate.

Les enfants de la réserve, située au nord de l'Ontario, sur la côte ouest de la baie James, doivent s'entasser dans des écoles mobiles de piètre qualité depuis des années pour obtenir leur éducation. Leur ancienne école primaire a été rasée il y a une dizaine d'années parce qu'elle était construite sur un sol hautement contaminé au diesel.

La délégation a essuyé un refus du ministre des Affaires indiennes de l'époque, Chuck Sthral, sous prétexte que les écoles portatives répondaient aux besoins de la communauté. En colère, la jeune Shannen a regardé le ministre dans les yeux et lui a lancé: «Nous ne partirons pas. Nous n'allons pas abandonner notre projet.»

Ce jour-là, une campagne est née. La jeune Shannen s'est portée à la tête de cette campagne, qui a pris une envergure nationale, pour une éducation de meilleure qualité pour les jeunes autochtones non seulement à Attawapiskat, mais dans toutes les réserves du pays.

La campagne a eu des échos aux quatre coins du pays, des milliers d'élèves ont participé au mouvement par l'entremise des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. En 2009, Shannen a prononcé un discours à l'Université de Toronto lors d'une conférence portant sur le droit à l'éducation organisée par les enfants d'Attawapiskat. Son discours a ému les nombreux participants.

La campagne a porté ses fruits, du moins pour la construction d'une nouvelle école primaire pour les 450 élèves à Attawapiksat. Quelques semaines plus tard, le ministre Chuck Strahl a en effet fait volte-face et annoncé qu'Ottawa construirait une nouvelle école primaire. Cette école, qui coûtera 30 millions de dollars environ, doit ouvrir en septembre 2013.

Shannen, qui a été en lice pour le Prix international de la paix pour les enfants remis par les lauréats du prix Nobel en 2009, a perdu la vie dans un accident de la route près de Temagami, à 160 km au nord-est de Sudbury. Sa mort a provoqué la consternation au sein de sa communauté et chez les jeunes autochtones. Mais plusieurs ont décidé de poursuivre sa bataille.

Une campagne sur Facebook est en cours pour que la nouvelle école d'Attawapiskat porte le nom de Shannen Koostachin.