L'administration de plusieurs universités a fait parvenir des courriels aux enseignants et aux étudiants pour leur signaler que les activités seraient maintenues durant les grèves étudiantes. Malgré la volonté des directions d'établissement et de la ministre, qui a aussi envoyé une lettre en ce sens la semaine dernière, plusieurs cours devraient être annulés.

L'Université de Montréal et l'UQAM promettent qu'elles ne tordront pas le bras des professeurs afin qu'ils assurent la formation. «Ce qu'on dit aux enseignants, c'est de se présenter à leurs cours. S'il y a une interruption [à cause d'une manifestation], on les prie de ne pas s'engager dans une confrontation ni physique ni verbale», affirme Jenny Desrochers, conseillère en relations de presse à l'UQAM.

Si les enseignants doutent de la décision à prendre devant deux groupes d'étudiants opposés, ils peuvent communiquer avec des médiateurs, assure Mme Desrochers. «Ils vont éclaircir la situation, mais ce qui va arriver dans la plupart des cas, c'est que le cours va être levé.»

Le syndicat des professeurs de l'Université de Montréal, qui appuie les revendications des étudiants, ne voit pas d'un mauvais oeil les directives transmises par sa direction. «On a l'obligation légale de se présenter», reconnaît Jean Portugais, président du syndicat. Selon lui, les professeurs vont tout de même avoir la possibilité de ne pas donner leur cours si leur sécurité est menacée ou si le nombre d'élèves est insuffisant dans la classe.

La FEUQ «choquée»

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) croit que la diffusion de telles directives va au contraire «envenimer la situation». «Les administrations d'université vont se faire les fiers-à-bras du Ministère. On est choqués parce que la majorité des professeurs et chargés de cours appuie les étudiants», soutient Martine Desjardins, présidente de la FEUQ.

Elle promet de faire respecter le vote de ceux qui se sont prononcés pour le débrayage. «On va s'assurer que le vote fait en assemblée générale ou en référendum soit respecté. Pour nous, c'est important qu'aucun cours ne se donne parce que, sinon, ça va brimer les étudiants qui ont fait le choix d'être en grève.»

D'autres étudiants, en revanche, se réjouissent que les universités décident de maintenir leurs activités. Arielle Grenier, porte-parole du Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec, promet qu'elle se présentera à ses cours même si les étudiants en politique de l'Université de Montréal décident de se prononcer pour la grève ce midi. «C'est certain que je vais tenter de franchir les piquets de grève. Il n'y a personne au monde qui va essayer de m'empêcher d'avoir accès à mon éducation.»

- Avec Pascale Breton