Pour lutter contre l'intimidation, les écoles auront de nouvelles obligations, mais pas plus d'argent ou de personnel.

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a déposé mercredi son projet de loi pour lutter contre l'intimidation et la violence à l'école. «On n'est plus à l'ère des moyens. On est à l'ère des obligations», a-t-elle justifié.

Un plan avait été déposé en 2008. Mais il était inefficace, selon un sondage commandé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) auprès du personnel des écoles. Seulement 27% des sondés affirmaient que les mesures prévues avaient été mises en place dans leur école. Les actes d'intimidations recensés avaient même augmenté à la suite de ce plan.

Le projet de loi 56 avait été promis il y a près d'un an par la ministre. Il impose plusieurs obligations aux élèves et aux écoles. Chaque établissement devra mandater un responsable de l'intimidation. Cette tâche s'ajoutera à ses fonctions habituelles. Chaque école devra aussi avoir son plan de lutte à l'intimidation - ce qui inclut la cyberintimidation.

Les écoles devront en outre conclure des ententes avec les CSSS ainsi que les postes de police. Seule une école sur 10 possède présentement une telle entente.

En cas de manquement, les écoles s'exposent à des sanctions administratives et financières. Quant aux commissions scolaires, elles devront déposer chaque année un rapport sur l'intimidation.

L'enveloppe reste la même: près de 18 millions $, échelonnés sur trois ans.

Il s'agit de la deuxième conférence de presse en quatre jours de Mme Beauchamp sur le sujet. Dimanche dernier, en compagnie du premier ministre et d'autres collègues, elle lançait le site internet moijagis.com et une campagne de sensibilisation. Ces mesures coûtent un million $. C'est la seule nouvelle somme investie.

Mme Beauchamp invite les gens à «devenir des héros ordinaire» en dénonçant l'intimidation. Dans neuf cas sur 10, ces actes se déroulent devant un témoin. Si celui-ci intervient, l'intimidation cesse dans la majorité des cas, a-t-elle rappelé.

Opposition divisée, la CSQ satisfaite

Le PQ déplore que le gouvernement Charest n'ajoute pas d'argent ou de personnel. «Il manque de ressources», insiste son député Sylvain Gaudreault. Mme Beauchamp se défend en rappelant qu'en 2003, les libéraux avaient ajouté quelque 4200 postes spécialisés dans les écoles. M. Gaudreault dénonce aussi la «paperasse» exigée aux écoles.

La CAQ est plus favorable au projet de loi. Elle votera en faveur si la ministre règle quelques «irritants», a indiqué son porte-parole en Éducation, Éric Caire. Parmi eux: le «surencadrement des directions d'école», qui perdent de la latitude, la «paperasse» et les sanctions pécuniaires. Ces sanctions risquent de diminuer le budget des écoles, et donc les services, craint-il.

Comme M. Caire, Réjean Parent, président de la CSQ, ne se formalise pas que la ministre n'augmente pas les ressources. «De toute façon, on ne sait pas comment l'argent a servi dans le premier plan», rappelle-t-il.

Il se réjouit des nouvelles obligations. «Le volontarisme, ça n'avait pas marché», explique-t-il. «Il y a énormément d'éléments qu'on demandait qui se trouvent dans le projet de loi», ajoute-t-il.

La Fédération des commissions scolaires doit en discuter vendredi. Elle réagira officiellement par après. «À première vue, ça génère beaucoup d'obligations», a-t-elle prudemment indiqué.