Les négociations entre la ministre de la Famille et les travailleuses en garderie se sont transformées en véritable foire d'empoigne, jeudi, alors que les deux parties s'accusaient de mauvaise foi sur la place publique.

La tension est montée d'un cran à la veille d'une grève d'une journée des 8500 travailleuses en garderie affiliées à la CSN.

Haussant le ton, Yolande James a avancé que les travailleuses en garderie réclamaient de sept à huit semaines de vacances payées par année, ce qui est nettement exagéré, selon la ministre de la Famille.

Rien n'est plus faux, selon la CSN. Seuls deux centres de la petite enfance (CPE) sur les 360 actuellement en négociation prévoient la possibilité d'atteindre sept semaines de vacances dans leur convention collective, soutient François L'Écuyer, porte-parole du syndicat.

Il a ajouté que la CSN demande plutôt quatre, cinq et six semaines de vacances payées pour les employées qui ont respectivement cumulé cinq, 10 et 15 années de service. Il s'agirait toutefois d'un plancher à partir duquel le syndicat local de chaque CPE pourrait négocier.

En point de presse, en marge d'un caucus des députés libéraux tenu à Victoriaville, la ministre James est sortie de sa réserve habituelle pour estimer que les demandes de congés et vacances des travailleuses n'étaient pas acceptables.

«Il y a une limite à la capacité de payer des contribuables», a dit Mme James, sur un ton excédé.

De plus, elle juge le moyen de pression utilisé démesuré. «Je trouve cela déraisonnable de dire que demain on s'apprête à déclencher une grève où des familles du Québec vont être touchées pour sept, huit semaines de vacances», a-t-elle dit.

Selon elle, la position du gouvernement consiste à s'aligner sur les offres offertes aux employés du secteur public, soit un maximum de cinq semaines de vacances.

Le gouvernement n'est pas la partie patronale dans ce dossier, mais il est présent à la table nationale de négociations à titre de principal bailleur de fonds du réseau.

De son côté, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS, affiliée à la CSN) soutient avoir remis mercredi une proposition au ministère de la Famille et aux associations patronales qui n'aurait pas augmenté leur masse salariale. Le vice-président de la Fédération, Jeff Begley, assure qu'une réponse positive aurait permis de vraies négociations, mais il indique que la proposition n'a pas été retenue.

Les clauses salariales font l'objet d'une discorde depuis deux ans à la table centrale de négociations. Des progrès ont toutefois été réalisés aux tables régionales, où sont discutées les questions normatives, mais la CSN déplore qu'ils soient inégaux, selon les régions.

À moins d'un revirement de dernière heure, ce sont donc quelque 8500 travailleuses qui ne seront pas au travail vendredi et la CSN estime que plus de 20 000 familles devront trouver une autre solution pour faire garder leurs enfants.

Quant aux travailleuses des 75 CPE affiliés à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), elles ont décidé il y a environ trois mois de renoncer à l'usage de moyens de pression lourds, jusqu'à nouvel ordre.

Les négociations ne sont pas rompues.