L'endettement étudiant explose au Canada. Le nombre d'étudiants qui ont une dette de plus de 50 000$ est presque 16 fois plus élevé qu'il y a quatre ans. Des données qui ne concernent toutefois pas le Québec.

Des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information révèlent qu'en 2006-2007, seulement 61 étudiants canadiens, excluant le Québec, avaient contracté une dette de plus de 50 000$ à la fin de leurs études. En 2010-2011, ils étaient 961 à devoir plus de 50 000$. C'est une augmentation de 1475%.

Sept étudiants présentaient même une dette de plus de 80 000$, dont un qui atteignait le sommet de 103 533$.

C'est dans le programme arts et sciences qu'on trouve les étudiants qui ont les dettes les plus élevées. Ce programme donne accès à des domaines aussi divers que l'anthropologie, la géographie, les mathématiques ou les sciences politiques.

Le second taux d'endettement en importance se trouve dans les programmes de services sociaux et éducation, des sciences de la santé et de médecine.

Ces données [ne] représentent qu'une petite proportion des près de 200 000 étudiants qui commencent à rembourser leurs prêts chaque année. Alors une fluctuation de la sorte est attendue», explique-t-on au ministère des Ressources humaines et Développement des compétences Canada pour justifier cette augmentation.

Un rapport datant de juin 2011 évaluant le Programme canadien de prêt aux étudiants indique par ailleurs qu'en 2007-2008, 16% des étudiants qui avaient contracté une dette pendant leurs études avaient manqué à leurs obligations de remboursement.

Les défauts de paiement sont toutefois moins élevés qu'il y a quelques années, même si les dettes sont plus importantes. En 2002-2003, 28,7% des étudiants qui avaient contracté une dette se retrouvaient face à un défaut de paiement.

En 2007-2008, la dette moyenne était de 12 881$, révèle aussi ce rapport. À ce moment, 20% des emprunteurs devaient plus de 20 000$.

Les étudiants québécois moins endettés

Il n'a pas été possible d'obtenir les mêmes informations auprès du ministère de l'Éducation du Québec, qui gère son propre programme de prêts et bourses. Il semble toutefois que les étudiants soient beaucoup moins endettés.

Les droits de scolarité sont passablement moins élevés. Même avec l'augmentation prévue de 1625$ en cinq ans, ils resteront en dessous de la moyenne canadienne. Québec a aussi mis en place des mécanismes pour limiter l'endettement, souligne l'économiste Claude Montmarquette.

On tient compte de l'endettement passé et on tient compte des besoins annuellement. Si ça dépasse un certain montant, ça se traduit par des bourses», indique celui qui est aussi président et directeur général du CIRANO.

Il a été démontré qu'au Québec, les jeunes qui quittent très tôt leur région pour étudier au cégep ou qui prolongent la durée de leurs programmes d'études ont tendance à s'endetter davantage. Ceux qui étudient dans les écoles privées accréditées aussi.

Environ 40% des étudiants québécois ne contractent pas de prêt - du moins auprès du gouvernement - pour financer leurs études, ajoute M. Montmarquette.

Clément Lemelin, professeur retraité du Département de sciences économiques de l'Université du Québec à Montréal, rappelle pour sa part que les prêts sont une bonne chose pour les étudiants et qu'ils coûtent très cher au gouvernement.

Pendant des années, «le système au Québec avait la réputation d'être plus généreux que le système canadien», en plus d'accorder davantage de bourses, souligne-t-il.

Le solde des prêts au ministère de l'Éducation du Québec était de 800,2 millions en mars 2011.

Globalement, 10% des emprunteurs ne sont pas en mesure de rembourser les paiements au terme de leurs études. Le gouvernement s'en charge alors auprès de l'institution financière et procède au recouvrement.

Au bout du compte, 4% des étudiants ne seront pas du tout en mesure de rembourser leur dette.

- Avec la collaboration de William Leclerc