Encore une preuve des ratés dans l'attribution des places en garderie en 2008. Québec envisage de retirer à des promoteurs de garderie les places subventionnées qu'il leur a accordées, car ils n'arrivent toujours pas à concrétiser leur projet trois ans plus tard.

Presque le quart des 18 000 places (4100) attribuées en 2008 n'a toujours pas vu le jour, a confirmé le vérificateur général Renaud Lachance le 30 novembre. Pour remédier à la situation, une deuxième «vague de récupération de places» est dans les cartons de la ministre de la Famille, Yolande James.

Au cours des derniers mois, celle-ci a déjà retiré un premier bloc de 889 places à des promoteurs de garderie, surtout des centres de la petite enfance (CPE), qui n'arrivaient pas à les créer. Elle a lancé un appel de projets le 3 novembre pour redistribuer ces places. Les promoteurs avaient jusqu'au 18 novembre pour faire une demande. Résultat: 190 projets ont été déposés, représentant pas moins de 2526 places, a confirmé le bureau de la ministre James. C'est presque trois fois le nombre de places offertes.

De nouveaux comités régionaux - et non des fonctionnaires comme en 2008 - analyseront les demandes et feront des recommandations à la ministre. Yolande James s'est déjà engagée à suivre ces recommandations. Elle annoncera les projets retenus d'ici à la fin de l'année. Comme le prévoyait l'appel de projets, les 889 places devront être créées avant la fin de l'année financière, en mars prochain.

Québec a décidé de privilégier les projets qui n'exigent que des «aménagements mineurs». Il n'est pas question, par exemple, de construire de nouvelles garderies. On donnera plutôt 20 places supplémentaires à un CPE qui en compte 60 et qui a des locaux inoccupés. Cette décision n'est pas anodine; le gouvernement s'évite des dépenses supplémentaires en immobilisations.

Il reste toutefois des projets représentant 3200 places qui ne se sont toujours pas concrétisés trois ans après avoir été retenus par le gouvernement. Combien de ces places seraient récupérées par Québec dans une deuxième vague? L'entourage de la ministre James ne veut pas le préciser pour l'instant. «Pour les projets qui restent, chacun est à une étape différente dans sa réalisation. S'il n'y a vraiment pas de possibilité de livrer, on pourrait se retrouver dans une situation où on doit récupérer les places. Il pourrait y avoir une deuxième vague de récupération», explique l'attachée de presse de Mme James, Geneviève Hinse.

Dans son rapport déposé le 30 novembre, Renaud Lachance affirme que le processus d'attribution des places en 2008 a manqué de rigueur et «a été fait trop vite». Les promoteurs ont eu un mois pour présenter des projets, et les fonctionnaires n'ont pas eu beaucoup de temps pour les évaluer. Les trois quarts des projets retenus avaient une qualité «insatisfaisante» selon l'évaluation du Ministère. Près de 20% avaient obtenu une mauvaise note quant à leur faisabilité. «Il ne faut pas s'étonner aujourd'hui» que 23% des 18 000 places attribuées n'aient toujours pas été créées, estime M. Lachance.