Pour calmer le jeu face à une politique impopulaire concernant les voyages scolaires, la Commission scolaire de Montréal a décidé d'éponger, en période de compressions budgétaires, la facture d'assurances des élèves qui était auparavant assumée par les parents. Une dépense de près de 60 000$.

Le printemps dernier, le Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal (CGTSIM) a choisi d'uniformiser la politique en ce qui a trait aux voyages scolaires pour les cinq commissions scolaires de l'île.

Les écoles ne pourront faire affaire qu'avec les agences de voyages dûment qualifiées par le CGTSIM. Tous les élèves devront aussi souscrire une police d'assurance auprès de la compagnie choisie, Ace, peu importe si leurs parents disposent ou non d'une assurance voyage personnelle.

Une décision qui gonfle le prix des voyages et suscite le mécontentement de nombreux parents et enseignants.  

Pour calmer la grogne, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) a choisi d'assumer elle-même ces coûts supplémentaires, a appris La Presse.  

Elle déboursera 58 000$ pour acheter 900 parts d'assurance pour les élèves et les accompagnateurs.

La décision a été prise parce que des écoles avaient déjà entamé des voyages. Des parents avaient déjà contracté des assurances. La décision est quand même venue récemment et les voyages se préparent longtemps d'avance», explique le porte-parole de la CSDM, Alain Perron.

L'objectif d'implanter une politique uniforme était d'assurer la sécurité des élèves et de simplifier le rapatriement en cas de pépins à l'étranger, explique Hélène Maher, du CGTSIM.

L'assurance voyage couvre les soins hospitaliers, la perte de bagage, l'annulation ou le rapatriement. Elle coûte près de 65$, ce qui peut sembler cher pour un voyage de trois jours à New York, reconnaît Mme Maher.

C'est un coût moyen, calculé sur la base des 4600 personnes qui participent à des voyages scolaires chaque année. «Les commissions scolaires peuvent moduler le prix de redistribution», précise Mme Maher.

Ainsi, face aux doléances d'enseignants, la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys a pour sa part ajusté le prix en fonction du voyage. Il en coûte 35$ d'assurance pour les voyages en autobus et 115$ pour ceux outremer.

Dans le contexte de compressions budgétaires, il n'y a pas d'orientation à venir pour donner des assurances gratuitement», mentionne toutefois le porte-parole de la CSMB, Jean-Michel Nahas.

Fin des privilèges

L'autre volet de cette nouvelle politique concerne le choix des agences de voyages. Les écoles sont désormais obligées de faire affaire avec les agences de voyages sélectionnées par le CGTSIM à la suite d'un appel de qualifications.

Une décision qui a notamment pour but de mettre fin aux privilèges accordés à certains. Au fil des ans, des enseignants avaient développé des liens particuliers avec certaines agences. Ils obtenaient ainsi des cadeaux ou des voyages gratuits à titre personnel en réservant des voyages scolaires.

Nous avons demandé aux agences de voyages de déclarer l'entièreté des gratuités offertes», indique à ce sujet Hélène Maher, du CGTSIM. «Les commissions scolaires peuvent décider de ce qu'elles en font. Elles peuvent être offertes à des accompagnateurs ou réparties comme rabais aux membres du groupe.»

Le processus entourant cette nouvelle politique s'est toutefois fait rapidement le printemps dernier, ce qui suscite plusieurs questions, a constaté La Presse. Certaines agences qui faisaient affaire avec les écoles n'ont jamais su qu'elles devaient se qualifier.

C'est le cas d'Uniktour, qui a développé un volet scolaire il y a un an. Il était toutefois urgent de faire le ménage, souligne son président, Philippe Bergeron qui se montre désabusé par l'industrie des voyages scolaires.

C'est une industrie très peu professionnelle. Le parent n'a aucune idée de l'ampleur de la mauvaise organisation du voyage pour son jeune, faisant confiance à l'école. Ça nous dépasse de voir que des professeurs réservent des voyages directement avec des guides dans les pays.»

Les établissements privés, qui comptent une large part des voyages scolaires, ne sont pas soumis à cette nouvelle politique.