Une trentaine de classes spécialisées pour les enfants atteints d'un trouble envahissant du développement sont aménagées dans les écoles de la commission scolaire des Patriotes, en Montérégie. Il y a dix ans, on en comptait six à peine.

Au cours des dernières années, la Montérégie est la région du Québec qui a connu la plus forte augmentation du nombre d'enfants atteints d'un trouble envahissant du développement (TED). En 2009-2010, on y comptait 2061 enfants souffrant d'un TED. Avec un taux de 105,9 enfants pour 10 000, c'est la prévalence la plus élevée au Québec.

«Les fluctuations sont aléatoires d'une année à une autre, mais on semble constater une accélération peut-être un peu plus importante en Montérégie», explique prudemment Manon Noiseux, agente de recherche et épidémiologiste à la direction de la santé publique de la Montérégie.

Mme Noiseux a mené une vaste étude de surveillance des TED entre 2000 et 2008. Au terme de cette recherche, les auteurs écrivaient que l'évolution de la prévalence était suffisamment importante pour que la santé publique en face une priorité.

Besoins en forte hausse

La prévalence des enfants atteints d'un TED est en explosion partout. Au Québec, ce sont les grands centres comme Montréal, Laval et la Montérégie qui en comptent le plus. La présence et l'accessibilité des services n'y sont pas étrangères, puisque les parents n'hésitent pas à déménager là où ils croient que leurs enfants auront un meilleur accès aux services.

La ministre déléguée aux Services sociaux, Dominique Vien, a d'ailleurs commandé à un expert, cette semaine, un portrait complet des services offerts aux clientèles souffrant de TED.

Dans les écoles de la Montérégie, les TED sont désormais le handicap le plus fréquent chez les élèves, devant la déficience langagière. La commission scolaire des Patriotes a donc pris le virage. L'ouverture de classes spéciales ne pouvait suffire, il fallait trouver d'autres solutions.

«On ne peut pas installer des classes spécialisées constamment, on manque de places. Comment intégrer ces enfants? Il faut travailler différemment», explique la directrice des services éducatifs à la commission scolaire, Monique Sauvageau.

Une «équipe volante» a été mise en place. Ce sont des intervenants de la commission scolaire qui se déplacent dans les écoles en soutien aux enseignants et à l'équipe en place.

Ensemble, ils discutent des meilleures façons de faire et des plans d'intervention à mettre en place. Car ce qui fonctionne avec un enfant n'est pas nécessairement la solution pour un autre.

Chose certaine, les enseignants sont souvent mal outillés et se sentent démunis. Ils ne savent pas toujours comment intervenir auprès d'un enfant atteint d'un TED ou ignorent les services offerts par leur école.

Autisme

Les enfants qui souffrent d'un TED sont le plus souvent autistes. La majorité sont des garçons. Dans bien des cas, ils ont aussi plusieurs troubles associés, comme un déficit de l'attention. Certains élèves se replient sur eux-mêmes lorsqu'ils sont inquiets. D'autres ont besoin de silence absolu pour être en mesure de se concentrer. D'autres encore font des crises et peuvent devenir agressifs.

«Notre visée est toujours de faire cheminer cet enfant dans son parcours scolaire et de le qualifier le plus loin possible», souligne Mme Sauvageau.

Il ne s'agit pas d'accoler une étiquette sur l'enfant, explique Isabelle Lauzon, conseillère pédagogique auprès des élèves ayant un TED dans les classes ordinaires et spécialisées.

«Le diagnostic d'un enfant TED aide plutôt l'enseignant à évaluer de quelle façon il doit ajuster son enseignement», dit Mme Lauzon, qui est membre de l'équipe volante.

Au fil des ans, le recours aux classes spéciales a diminué. Des données compilées par la direction de la santé publique de la Montérégie indiquent que la proportion d'enfants atteints d'un TED intégrés dans une classe régulière, avec le soutien d'un intervenant, est passée de 31% en 2000-2001 à 44% en 2009-2010.

Plus un enfant atteint d'un TED reçoit de l'aide rapidement, mieux il réussit à s'intégrer dans le milieu scolaire. «Quand on travaille avec un enfant de 6 ou 7 ans, on est toujours en train de récupérer ce qu'on n'a pas pu travailler à 3 ou 4 ans», explique la directrice générale du centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) Montérégie-Est, Johanne Gauthier.

Trop souvent, l'équipe du CRDI - considéré comme la troisième ligne - est appelée en renfort trop tard, déplore Mme Gauthier.

«On nous interpelle un peu trop tard, quand l'enfant est sur le bord de la porte. Il faudrait intervenir avec l'école bien avant que l'enfant ne soit expulsé pour des comportements excessifs.»