Une suggestion de Marilou Sirois

Une simulation pour apprendre aux élèves d'une école primaire à se cacher si un tireur fou faisait irruption dans leur école suscite l'indignation d'une mère.

Marilou Sirois, mère de deux garçons de 9 et de 11 ans, a appris par l'entremise d'une lettre de l'école Sauvé, à Deux-Montagnes, que ses enfants allaient participer à un exercice de «confinement barricadé» cette semaine.

Il n'est pas question que ses enfants y participent. «Je ne suis pas contre le fait de mettre en place des mesures de sécurité. Là où je ne suis pas d'accord, c'est de faire participer des enfants à un exercice comme celui-là. Ce n'est pas un jeu», déplore-t-elle en mettant en doute la pertinence d'un tel exercice.

Elle s'est tournée vers la direction de l'école, puis la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, en vain. «Quand je pose des questions, on me répond que c'est comme un exercice d'évacuation en cas d'incendie. Pas du tout, ce n'est vraiment pas la même chose!», lance-t-elle.

La simulation fait partie du Plan de réponse pour des établissements sécuritaires (PRES), développé par la Sûreté du Québec dans la foulée de la tuerie de Dawson et d'autres incidents survenus au Canada et aux États-Unis. Le programme s'inscrit dans un cadre plus large où le ministère de l'Éducation oblige les écoles à avoir un plan d'urgence en matière de violence.

Depuis 2009, les policiers offrent de la formation dans les écoles. À ce jour, les enseignants des trois quarts des établissements de la province ont visionné la vidéo sur le confinement barricadé. Le quart du personnel a également suivi la formation pratique.

Pour l'instant, seulement 5% des élèves ont participé à une simulation de confinement. La Sûreté du Québec souhaite qu'ils soient tous formés d'ici à avril 2013, explique la porte-parole, Martine Asselin.

Mais dans plusieurs écoles, la participation des enfants suscite un malaise. Des enseignants refusent de simuler un confinement avec leurs élèves. Des parents s'y opposent également.

À la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, quelques écoles ont déjà organisé une simulation, à l'instar de l'école Sauvé, et «tout s'est bien passé», relate Anik Gagnon, directrice adjointe aux affaires corporatives et communication.

L'idée est de faire en sorte que «la procédure de confinement soit aussi bien intégrée que la procédure d'évacuation», précise Mme Gagnon en rappelant qu'il s'agit d'un «atout pour les élèves». Se retrouver en présence d'une personne armée peut se produire partout, pas seulement à l'école.

Au cours de la simulation, les élèves apprennent notamment à garder le silence, bloquer la porte de la classe avec un bureau ou fermer les stores si un intrus se promène dans l'école.

«On n'intervient pas du jour au lendemain avec les enfants. Il y a une préparation préalable», précise de son côté Martine Asselin, de la SQ.

Cas d'un homme armé à Gatineau

Les enseignants et le personnel de l'école St-Laurent, à Gatineau, ont dû - malgré eux - mettre en application la formation PRES qu'ils avaient reçue lorsqu'un homme armé d'une carabine a fait irruption dans l'école en avril dernier.

Comme ils savaient comment agir, tout s'est bien terminé, se réjouit le directeur de l'école, Gaëtan Cantin. Depuis, «toutes les écoles de notre commission scolaire se sont mises au travail pour afficher les trousses dans les classes et informer le personnel.»

La commission scolaire au Coeur-des-Vallées n'entend toutefois pas former les élèves dans l'immédiat. Beaucoup de parents ont questionné la pertinence de l'exercice et témoigné leur opposition, rapporte M. Cantin.

Lui-même s'interroge d'ailleurs sur la pertinence de faire participer de jeunes élèves, surtout au primaire. «Ce n'est pas nécessaire, croit-il. [...] Si les adultes sont bien formés, ils vont être capables de guider les petits, sans qu'ils sachent ce qui se passe. Nous l'avons démontré.»

À la SQ, on explique que peu de cas sont médiatisés pour éviter l'effet d'entraînement, mais qu'une vingtaine d'incidents impliquant la présence d'une personne armée sont rapportés chaque année dans les écoles.