Est-ce que la formation collégiale pour devenir infirmière devrait être abolie au Québec? C'est la question que se posera un millier de professionnels en santé, aujourd'hui et demain, à l'occasion du congrès annuel de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).

La directrice du Centre d'innovation en formation infirmière de la Faculté des sciences infirmières de l'Université de Montréal, Jacynthe Pepin, lancera le débat en traçant le portrait de la France et la Suisse. Dans ces pays, il n'existe plus de formation collégiale pour devenir infirmière. Et il faut nécessairement être titulaire d'un baccalauréat pour espérer pratiquer la profession.

«La Belgique est également en train de s'interroger, explique Mme Pepin. Il faut savoir qu'au Canada, toutes les autres provinces sont passées au baccalauréat. Seul le territoire du Yukon fait exception. Évidemment, il faudrait des mesures de transition pour le Québec. Mais on peut penser que nous en sommes rendus là, surtout à la lumière de l'entente sur la main-d'oeuvre avec la France.»

Cette année, l'OIIQ présentera d'ailleurs un programme scientifique démontrant que la profession ne se limite pas à changer des pansements ou à procéder à des prises de sang.

L'infirmier bachelier, Jean Clermont-Drolet, qui oeuvre auprès des autochtones au Centre de santé Betsiamites dans le nord du Québec, parlera de l'impact à long terme de la consommation d'amphétamines (speed, ecstasy, etc.) sur les élèves du secondaire.

«Il est clair que sur la santé cardiaque, il peut y avoir des séquelles. Mais au-delà de l'aspect clinique, il faut se pencher sur nos façons d'intervenir en désintoxication. Les jeunes ont la pression de ne rien manquer, tout va vite. Tout doit être excitant. Alors, les boissons énergisantes sont tentantes. Et quand ce n'est pas suffisant, c'est le speed, la cocaïne. Il faut donc leur apprendre à profiter des petits bonheurs de la vie.»

En tout, le congrès présentera 33 ateliers sur autant d'aspects de la profession: pratique clinique, encadrement, milieux d'enseignement, organisation des soins et recherche. Dans la même foulée, l'Ordre tiendra son assemblée annuelle au cours de laquelle le conseil d'administration votera sur plusieurs propositions touchant la valorisation de la profession d'infirmière.