Un projet de partenariat entre le cégep Marie-Victorin et l'Impact de Montréal, qui souhaite construire un centre de développement pour ses futurs joueurs, suscite la controverse.

Des professeurs et des élèves y voient en effet une intrusion inquiétante du privé. Ils craignent de perdre l'accès à leurs infrastructures.

«On craint l'ingérence des intérêts privés», explique le président du Syndicat des professeurs du collège Marie-Victorin, François Parent.

Les opposants ont d'ailleurs tenu une manifestation hier midi, devant les bureaux de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, pour sensibiliser l'opinion publique.

L'Impact de Montréal a sollicité la direction du cégep en décembre dernier pour un projet estimé à huit millions. Aucune entente n'est encore signée.

Les dirigeants de l'équipe de soccer montréalaise souhaitent utiliser les infrastructures du cégep pour leur Académie de l'excellence destinée à former la relève.

Ils ont l'intention de rénover les terrains extérieurs existants et de construire un pavillon de services qui accueillerait le centre de développement des joueurs.

Le cégep pourrait y aménager un nouveau département pour la technique de réadaptation physique qui manque cruellement d'espace actuellement.

Le syndicat des profs est en colère

Mais pour les professeurs, c'est la goutte qui fait déborder le vase. Le collège a en effet été racheté par Québec en 1994 pour être intégré au réseau des cégeps publics. Depuis, l'administration cède petit à petit des parties de ses terrains et immeubles au privé, accuse le Syndicat des professeurs du collège Marie-Victorin.

«On a été sauvés par l'argent du public, l'argent des contribuables et là, le collège vend ce joyau au privé», affirme M. Parent. Il ajoute en outre que l'établissement «est à pleine capacité» et qu'il va bientôt manquer d'espace pour faire du développement.

Le projet a beaucoup évolué au fil des mois et il s'est ajusté aux demandes des professeurs et des élèves, rétorque la directrice générale du cégep Marie-Victorin, Nicole Rouillier, pour rassurer les opposants.

Initialement, le projet de partenariat prévoyait une cession de bail emphytéotique, c'est-à-dire que le collège cédait ses droits sur les terrains et les installations. Ce n'est plus le cas.

Subvention du ministère de l'Éducation

L'Impact s'engage aussi à payer la moitié des coûts liés au projet tandis que l'administration du collège compte sur une subvention du ministère de l'Éducation, dans le cadre d'un programme sur les infrastructures sportives, pour l'autre moitié.

«Nous comprenons que les enseignants préféreraient qu'on aille cherche les fonds du côté du public, mais malheureusement, les fonds publics se font rares. C'est une occasion qui se présente et nous y voyons beaucoup d'avantages», explique Mme Rouillier qui doit présenter la nouvelle mouture du projet au personnel du cégep aujourd'hui.

Du côté de l'Impact de Montréal, on estime que ce projet de partenariat est profitable aux deux parties. «Le projet a évolué au cours des derniers mois et dans une direction qui va plaire à tout le monde», croit le vice-président directeur de l'exploitation du club de soccer, Richard Legendre.

Les installations seront disponibles à la fois pour le cégep, la communauté et les joueurs, rappelle M. Legendre en soulignant qu'il s'agit «d'une belle complémentarité» puisque tous les utilisateurs n'en auront pas besoin aux mêmes heures.

«C'est assez unique qu'une équipe professionnelle sportive fasse ce genre d'investissement dans le développement des jeunes», ajoute-t-il.