Même s'il ne reçoit pas l'appui des enseignants, qui promettent un «plan de perturbation» pour montrer leur désapprobation, le nouveau bulletin unique entrera en vigueur dès la prochaine rentrée scolaire, tranche la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.

À quelques semaines de la fin des classes, la grogne est de plus en plus palpable au sein de la profession. La Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui regroupe le tiers du personnel enseignant de la province, qualifie le bulletin unique de «nouveau mensonge» qui leurre les parents puisque les élèves ne seront toujours pas évalués selon les mêmes connaissances de base.

«Le bulletin Beauchamp ne passe pas, affirme Pierre St-Germain, président de la FAE. Les élèves n'auront pas accès au même bagage de connaissances, et ce, d'une commission scolaire à une autre, d'une école à une autre, d'une classe à une autre.»

Par exemple, le programme prévoit que les élèves de première année doivent maîtriser un vocabulaire de 500 mots. Or, il n'existe aucun outil, aucune banque de mots, pour s'assurer que le vocabulaire appris est le même pour tous les enfants de la province, explique M. St-Germain.

La FAE réclame un nouveau délai dans l'application du bulletin unique, le temps de faire les modifications. En août 2010, la ministre Line Beauchamp avait déjà annoncé un sursis d'une année, notamment pour permettre la formation des enseignants.

Cette fois, une fin de non-recevoir attend les enseignants. «Il n'y aura pas de report», a déclaré la ministre en entrevue à La Presse.

«Comme ministre de l'Éducation, je ne peux pas me donner le défi que tout le monde soit d'accord. Je pense même qu'il y a un débat d'experts qui doit cesser autour de cela. Bon nombre d'autres partenaires sont en accord avec l'implantation du bulletin», a ajouté la ministre, en citant les commissions scolaires et des comités de parents. La présidente de la Commission scolaire de Montréal, Diane De Courcy, a d'ailleurs fait une sortie publique il y a quelques semaines, pressant le milieu «d'aller de l'avant» avec l'implantation du bulletin unique.

Il reste que chez les principaux concernés, le bulletin unique ne passe pas. La FAE met d'ailleurs en branle un «plan de perturbation» des séances de formation sur le bulletin unique. L'Alliance des professeurs de Montréal invite même ses membres à boycotter carrément la journée de formation prévue la semaine prochaine.

Une publicité payée par la FAE est aussi distribuée dans les journaux aujourd'hui pour informer les parents de la teneur exacte du bulletin unique.

De son côté, la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ) a fait une sortie publique la semaine dernière. Elle exige des modifications concrètes pour simplifier la tâche d'évaluation, à défaut de quoi un report serait nécessaire, selon elle.