Le ministère de l'Éducation va se heurter à un obstacle de taille pendant le processus d'entrée en vigueur de son nouveau bulletin national (dit unique). Quelque 8500 enseignants de Montréal boycotteront les réunions de formation et d'information sur le nouvel outil d'évaluation des élèves du primaire et du secondaire.

Réunis en assemblée générale hier soir, les membres de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal se sont prononcés à forte majorité pour ce moyen de pression, qui vise à faire retarder d'un an l'adoption du bulletin unique au Québec. Les enseignants sont censés l'utiliser à compter de septembre prochain. L'Alliance souhaite avoir une année supplémentaire pour proposer une solution de rechange.

«Depuis longtemps, c'était notre demande d'avoir le bulletin unique à l'échelle de la province. On a obtenu le véhicule. Malheureusement, la mécanique fait défaut», a expliqué Alain Marois, président de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal. «On est toujours dans la logique d'une approche par compétences. Or, on avait demandé qu'il y ait une évaluation prioritaire et fondamentale des connaissances. Malheureusement, ce n'est pas au rendez-vous dans le projet qui nous est proposé.»

Syndicat de 30 000 personnes

L'Alliance des professeures et professeurs de Montréal est un syndicat affilié à la Fédération autonome de l'enseignement (FAE). Celle-ci représente le tiers des enseignants du Québec, soit plus de 30 000 personnes. D'ici la fin de la semaine, les huit autres instances syndicales qui font partie de la FAE se seront prononcées sur le boycottage. Tout porte à croire qu'un très grand nombre d'enseignants du Québec refuseront de se rendre aux réunions. Vendredi, les représentants de neuf syndicats se réuniront pour coordonner la mise en place du boycottage et d'autres moyens de pression comme des pétitions ou la perturbation des réunions sur le bulletin. On écarte toutefois la possibilité d'un recours à des journées de grève.

«On veut un socle commun de connaissances. Par exemple, on voudrait qu'en première année, les mêmes mots soient enseignés partout, dans toutes les écoles. Pour l'instant, c'est un peu comme un bar ouvert. Les profs doivent choisir 500 mots, mais quels mots? Lorsqu'un enfant change d'école, il n'a pas nécessairement appris la même chose que les autres. La même situation survient en histoire, en mathématiques et dans toutes les matières. Les connaissances qui sont choisies sont très aléatoires», dénonce M. Marois.

«Nivellement par le bas»

En plus de compliquer la tâche des enseignants avec le processus de calcul des notes, qui demande la transformation de l'évaluation (souvent subjective) des compétences en pourcentage, le bulletin unique engendre un «nivellement par le bas», explique M. Marois.

«C'est la promotion automatique que l'on dénonce depuis la réforme. Ça va donner de belles statistiques. Le Ministère veut faire baisser le taux de décrochage, alors on baisse nos exigences. Pour nous, c'est clairement un problème... Ce que l'on veut, c'est une école exigeante qui a les mêmes exigences partout.»