Après plusieurs mois de tiraillements, le gouvernement Charest s'apprête finalement à sévir contre l'Université McGill.

En dépit d'avertissements répétés, l'institution d'enseignement supérieur contrevient ouvertement aux règles budgétaires depuis septembre 2010 en offrant un programme de MBA au coût de 29 500 $.

Or, le montant qui devrait normalement être facturé aux étudiants est de 1673 $.

À bout de patience, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a posé un geste inhabituel l'automne dernier en exigeant que l'Université McGill lui remette la liste des étudiants inscrits à son programme de MBA.

La pénalité financière sera fixée en fonction du nombre d'étudiants en formation, a indiqué la ministre, promettant de préciser sous peu l'ampleur de la sanction.

«Nous avons eu la liste des inscriptions avant Noël, je dirais vers le mois de novembre. Il fallait tenir compte des étudiants étrangers, des étudiants canadiens et les analyses sont pratiquement terminées. D'ici peu, je serai en mesure de vous donner les chiffres de la pénalité imposée (à McGill)», a dit Mme Beauchamp, en marge d'un forum sur l'entreprenariat à Québec.

Un profond différend oppose le gouvernement du Québec à l'Université McGill au sujet des droits de scolarité.

McGill justifie l'augmentation massive des droits de son programme de MBA en invoquant la qualité de la formation et la nécessité de mettre à niveau l'institution avec celles du reste du Canada et d'ailleurs en Amérique.

Au printemps 2010, la ministre de l'Éducation d'alors, Michelle Courchesne, avait sommé l'institution de renoncer à hausser le coût de son programme sous peine de se faire couper les vivres.

Malgré cela, l'université a maintenu le cap et est en contravention avec les règles budgétaires depuis cinq mois.

McGill pourra néanmoins profiter d'une échappatoire si elle se retrouve le dos au mur.

Elle pourrait notamment s'inspirer de ce qui se fait aux HEC et changer le statut de son MBA -appliquer la formation aux cadres, par exemple- de façon à se libérer de la contrainte des droits réguliers.