Les élèves du collège Jean-de-Brébeuf pourront dès l'an prochain passer leur dernier trimestre dans un cégep anglophone de Montréal: le collège Marianopolis. Les deux établissements ont mis sur pied un programme d'échange qui permettra à leur clientèle respective de se plonger dans une culture différente pour mieux maîtriser la langue de Molière ou de Shakespeare.

Immersion complète

Le directeur général de Brébeuf, Michel April, dit vouloir faciliter la maîtrise de l'anglais chez ses élèves. «On va toujours continuer d'assurer l'excellence de la langue française. Mais on veut aussi permettre à nos élèves de vivre une immersion. À Marianopolis, ils vont suivre leurs cours en anglais et vivront dans un univers anglophone.»

Les 450 élèves du collège Brébeuf sont inscrits dans des programmes préuniversitaires de quatre trimestres. C'est uniquement durant le dernier que ceux qui le désirent pourront participer au programme d'échange. Dès l'an prochain, Brébeuf et Marianopolis espèrent permettre à deux groupes de 30 personnes de changer de milieu scolaire pour quelques mois. Les élèves trop faibles ou parfaitement bilingues ne participeront pas à l'échange. «On ne voudrait pas, par exemple, qu'un francophone de Marianopolis vienne faire son dernier trimestre ici, note M. April. Ce n'est pas le but.»

Priorité au français

Le directeur général précise que les candidats auront tous suivi les trois cours de français préalables à l'examen ministériel de français avant de partir pour Marianopolis. «Les cours à fort caractère culturel auront été suivis. Les élèves ne perdront pas leur culture francophone», assure M. April, qui est convaincu «qu'aucun ressac ne sera ressenti» du côté des performances en français de son collège.

«Piste de réflexion»pour le Québec

Il ajoute que, avec ce projet, Brébeuf «vise la réciprocité». «On accueillera des élèves de Marianopolis qui seront plongés dans un univers francophone, explique M. April. C'est un beau projet innovateur.» M. April ne veut pas se mêler du fameux débat sur la pertinence d'assujettir les cégeps à la Charte de la langue française. Mais, selon lui, l'initiative des collèges Brébeuf et Marianopolis devrait être une «belle piste de réflexion» pour la société québécoise.

Le directeur général du collège Marianopolis, Len Even, est lui aussi emballé par le projet: «Certains de nos élèves ne parlent pas assez bien français. On veut les encourager à le faire. On vit au Québec, c'est important que nos élèves parlent bien le français.»