Annoncé l'été dernier, le bulletin unique fera son arrivée dans les écoles du Québec le 1er juillet prochain. Mais bien que le ministère de l'Éducation ait réalisé la majorité des actions prévues pour informer enseignants et parents, les réticences à l'égard du bulletin unique n'ont pas toutes disparu.

Ce nouveau bulletin sera utilisé par toutes les écoles de la province, primaires comme secondaires, et évaluera les connaissances des élèves plutôt que leurs compétences. Les matières, à l'exception du français, des mathématiques et de l'anglais langue seconde, ne feront l'objet que d'une seule note. Selon le Ministère, ce bulletin «allégé» permettra aux parents de mieux apprécier la réussite de leur enfant.

La mise en place du bulletin unique, d'abord prévue pour la rentrée 2010, a été repoussée à juillet 2011 afin de laisser le temps aux écoles, aux enseignants et aux parents de se familiariser à ce nouvel outil. La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) a été associée à la préparation d'une première lettre envoyée à l'automne aux parents d'élèves.

«Les gens ont bien compris ce qui est dans le document, se réjouit François Paquet, président de la FCPQ. Il fallait s'assurer que ce qu'on leur dit n'était pas rédigé dans un langage trop pédagogique. On est contents que cela ait été le cas.»

Le nouveau bulletin ne fait toutefois pas l'unanimité. Du côté de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), on regrette que le bulletin reste trop ancré dans une logique de compétences et non d'évaluation des connaissances. «Quand on prend connaissance des documents que les enseignants et enseignantes vont utiliser, on se rend compte que la réforme continue d'exister dans les critères d'évaluation», déplore Sylvain Mallette, vice-président à la vie professionnelle à la FAE.

Les membres de la FAE devraient d'ailleurs exprimer leur mécontentement lors du prochain conseil fédératif, prévu à la fin du mois. «On se dirige vers un désaccord et on se dirige vers des moyens d'action, annonce M. Mallette. Ce n'est pas vrai qu'on va encore une fois maintenir le modèle de la réforme, chambarder l'évaluation pour des changements essentiellement cosmétiques.»

À l'inverse, certaines nouveautés du futur bulletin scolaire, notamment l'arrivée de la moyenne de classe, sont accusées de trahir l'esprit de la réforme. «Pour les enfants que l'on veut aider, donner la moyenne a un effet décourageant. Ce bulletin unique crée une grande incohérence parce qu'il remet en question plusieurs éléments de fondement de la réforme, où on voulait que l'élève soit comparé à son propre cheminement, déplore Louise Lafortune, professeure du département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Qui veut-on aider, la société, ou l'enfant qui doit devenir un citoyen compétent?»

Malgré ces contestations, les sessions de formation pour les directeurs d'établissements scolaires et les enseignants se poursuivront en 2011. Les parents recevront quant à eux un deuxième document d'information sur ce nouveau bulletin en mai prochain. «Tout est fait pour qu'on soit prêts le 1er juillet prochain», dit Esther Chouinard, à la direction des communications du ministère de l'Éducation.