Le petit Mateo, 8 ans, est autiste. Il fréquente une classe spéciale de troisième année à l'école Saint-Anselme, à Montréal. Avec les huit enfants de sa classe, il bénéficie d'un enseignement adapté. Cela a du bon, selon sa mère, Paola de Leone. «Les enseignants ont plus de temps à accorder aux enfants», dit-elle.

Pour les cours spécialisés comme l'éducation physique ou l'anglais, Mateo et ses camarades sont intégrés à la classe ordinaire. «Mateo est très fort en anglais. Dans ses cours, l'enseignante le prend toujours en exemple. Il aime ça. Quand on le stimule beaucoup, il est très bon», dit Mme de Leone.

Dans la classe spéciale, les élèves n'ont pas tous les mêmes problèmes. «L'an dernier, il y avait un petit garçon atteint du syndrome de Gilles de la Tourette. Il criait beaucoup, et Mateo l'imitait. Ç'a été une année difficile», dit la mère.

Mme de Leone apprécie la classe spéciale, mais elle déplore notamment le très fort taux de roulement des enseignants: «Depuis sa première année, Mateo a eu au moins deux profs différents par année. Il est constamment déboussolé. À chaque nouvel enseignant, il crie, il s'échappe de sa classe. La routine, c'est important pour ces enfants. Et on dirait que rien n'est fait pour encourager cela.»

En maternelle, Mateo fréquentait la classe ordinaire, car il bénéficiait de la présence d'une accompagnatrice quelques heures par semaine. «À la fin de l'année, certains parents m'ont remerciée parce que leurs enfants avaient appris à accepter les autres», dit sa maman.

Mais elle s'est vite rendu compte que, si elle voulait que son fils reste dans une classe ordinaire, elle devrait remuer ciel et terre. «Et même là, je ne suis pas certaine qu'il aurait eu tous les services dont il avait besoin», dit-elle.

Elle a donc accepté que son fils soit placé dans une classe adaptée. «Si on l'avait accepté dès le début et qu'on avait tout mis en place pour l'aider, il aurait été préférable qu'il soit en classe ordinaire. Mais maintenant, il a déjà subi trop de changements. Il vaut mieux qu'il reste où il est», dit Mme de Leone.

Elle ajoute que, plus tard, Mateo sera utile à la société: «Il y a des médecins et des ingénieurs autistes. C'est frustrant de voir qu'on ne leur donne pas ce dont ils ont besoin quand ils sont jeunes!»

Peu importe qu'un enfant en difficulté soit intégré ou non à une classe ordinaire, Mme de Leone est catégorique: les parents doivent s'engager à fond. «Il faut courir après les diagnostics, les services... Ça ne fait que deux ans que je travaille à temps plein. Avant, je devais me consacrer entièrement à ça.»

Pour Mme de Leone, la journée de discussions sur l'intégration organisée par Québec est essentielle. «Mais il y a beaucoup de problèmes à régler. Peut-on vraiment y arriver en une journée?» demande-t-elle.