En septembre dernier, les élèves issus du renouveau pédagogique ont fait leur entrée au cégep. Plusieurs prédisaient que le trimestre serait difficile pour ces «enfants de la réforme». Afin de voir comment se déroule leur entrée dans le monde collégial, La Presse a décidé de suivre quatre élèves. Aujourd'hui, Alexis, Émilie, Hannah et Amélie parlent de leurs premiers examens de mi-trimestre.

ENGAGÉ À 100%

Nom: Alexis Caron

Âge: 17 ans

Domaine d'études: art et technologie des médias

Lieu: cégep de Jonquière

Après presque deux mois, Alexis est toujours parfaitement heureux dans son programme d'art et technologie des médias au cégep de Jonquière. «On nous disait que le cégep serait extrêmement difficile. Ce n'est pas vrai! Ce que je trouve le plus difficile, c'est de me lever le matin! Mais pour l'école, on a de longues pauses, plus de liberté... J'adore ça.»

Le jeune homme est très engagé dans différents projets. En plus de faire partie de l'équipe d'improvisation et de la troupe de théâtre, il commente sur l'internet les matchs des Gaillards, équipe de football du cégep. «J'aime ça! Je fais du direct. Je fais aussi du bénévolat à la radio communautaire.»

Mais alors que se déroulent les examens de mi-trimestre et que le stress est à son comble, Alexis reconnaît avoir eu un «moment de nostalgie» et s'être ennuyé de son école secondaire. «Je m'ennuie des profs et des élèves, mais pas de la formule d'étude», précise-t-il.

La semaine dernière, Alexis se préparait sérieusement pour son examen de français du lendemain. «Ce sera mon plus difficile, je pense. On a dû lire Le malade imaginaire, de Molière, et on devra faire le test sans avoir recours au livre. C'est la première fois que je fais ça. Je suis un peu nerveux.»

TRAVAILLER PLUS FORT

Nom: Hannah Brais-Harvey

Âge: 16 ans

Domaine d'études: sciences de la nature

Lieu: cégep de Rouyn-Noranda

Après un demi-trimestre en sciences de la nature, Hannah souhaite toujours terminer son cégep et entrer en médecine. Mais elle pense de moins en moins y parvenir du premier coup: «J'ai des notes entre 80 et 90%, mais ce n'est pas assez! Je dois travailler plus fort.»

Elle estime que les cours sont faciles. «Mais quand j'arrive à l'examen, ça se corse!»

Au cégep, aucun enseignant ne parle du fait que ses collègues et elle sont les premiers issus de la réforme. «On ne nous dit rien à ce sujet. On ne se sent pas différents des autres, dit-elle. Et je ne peux pas vous dire si les enseignants nous trouvent meilleurs ou pires!»

Contrairement à ses collègues, Hannah ne s'ennuie pas du secondaire. «Il faut dire que je côtoie la quasi-totalité de mes amis, ici. Dans mon cas, le cégep est plus comme une continuité du secondaire. À l'université, ce sera autre chose.»

QUATRE ANS AU LIEU DE TROIS

Nom: Émilie Major-Parent

Âge: 17 ans

Domaine d'études: thanatologie

Lieu: cégep de Rosemont

Les examens, Émilie était «en plein dedans» mercredi dernier: «On a plein de projets à remettre. On aura un congé de six jours et, après, deux gros examens. Tout se passe plutôt bien, mais on a beaucoup de notions à réviser.»

Selon Émilie, le plus dur, au cégep, c'est «de s'organiser pour avoir du temps d'étude». «Au secondaire, on pouvait étudier juste une journée. Mais là, on a tellement de choses à apprendre par coeur qu'il faut étaler l'étude sur plusieurs jours.»

Émilie travaille la fin de semaine dans une boutique de vêtements. Son horaire est donc surchargé et son temps d'étude, limité. À un point tel qu'elle regrette de ne pas avoir étalé ses cours sur plusieurs trimestres. «J'aurais dû faire mes cours de base avant d'entrer dans la technique. J'envisage d'ailleurs d'étaler ma technique sur quatre ans au lieu de trois pour alléger mon horaire», dit-elle.

Émilie raconte que, à son entrée au cégep, elle ne pensait pas s'ennuyer du secondaire... «Mais c'est le cas! C'était beaucoup plus calme, le secondaire. On était dans notre petit monde. On n'avait pas de souci. Là, au cégep, je sens plus de stress. Surtout pendant les examens!»

PAS LE TEMPS DE SOUFFLER

Nom: Amélie Lalande

Âge: 17 ans

Domaine d'études: thanatologie

Lieu: cégep de Rosemont

Joindre Amélie a été ardu. Quand nous l'avons enfin eue au bout du fil pour lui demander comment se déroule la mi-trimestre, sa réaction a été immédiate: «Là, je rushe! J'ai trois examens en quatre jours. C'est vraiment beaucoup plus de travail qu'au secondaire. On ne nous a pas préparés à ça. On nous disait que le cégep serait plus difficile, mais on n'a rien fait pour nous y préparer.»

Mardi soir, Amélie se préparait pour son examen de droit du lendemain. Elle venait de terminer une journée d'étude commune avec d'autres élèves de sa classe. «Si j'échoue à ce cours, je devrai reporter d'un an l'obtention de mon diplôme. Je fais tous les efforts pour réussir, mais c'est dur.»

Quand on lui demande si elle s'ennuie du secondaire, Amélie ne sait que répondre. «Il y a moins d'étude par coeur au cégep. Pour ça, je ne m'ennuie pas du secondaire. Mais je m'ennuie du bel encadrement que j'avais. Et au cégep, tout va vite. C'est super chargé. On n'a pas le temps de souffler.»

Malgré les difficultés, Amélie est encore certaine d'avoir choisi le bon domaine d'étude. «Je vais finir ma thanatologie pour ensuite devenir assistante pathologiste», assure-t-elle.