Alors qu'une trentaine d'organismes du milieu de l'éducation se préparent à participer à la Rencontre ministérielle sur l'intégration des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA), prévue pour le 25 octobre prochain, plusieurs intervenants dénoncent déjà le peu de temps qui sera accordé à cet exercice.

«C'est de la poudre aux yeux. C'est un «show de boucane». C'est un exercice de relations publiques. Le format est ridicule. On va avoir environ trois minutes chacun pour parler d'un sujet aussi important que l'intégration», dénonce le président de l'Alliance des professeurs de Montréal, Alain Marois.

Au cabinet de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, on explique que la Rencontre est «un point de départ». «Il y aura des séances d'ateliers et une plénière. C'est presque une séance de brainstorming. Les conclusions de cette journée restent inconnues. Y aura-t-il une suite? Peut-être», répond l'attaché de presse de Mme Beauchamp, Dave Leclerc, qui ajoute qu'entre 100 et 200 participants sont attendus, dont une trentaine prendront la parole.

Mais les intervenants du milieu de l'éducation sont inquiets du peu de temps accordé à cette rencontre. «On craint que la quantité de matière à couvrir n'entrave la qualité de ce que l'on va produire», note la présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissements d'enseignement, Chantal Longpré.

Dans une publicité publiée hier dans La Presse, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) écrit qu'«une seule journée pour écouter les enseignants, reconnaître les vrais problèmes et identifier des solutions durables, c'est pas sérieux».

La présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Josée Bouchard, dit «ne pas être contre cette rencontre». «Mais une journée pour vider cette question? Ce n'est pas suffisant», dit-elle.

À la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE), on croit aussi que «ce n'est pas en une seule journée qu'on va dégager quelque chose d'intéressant». La présidente de la FSE, Manon Bernard, ajoute que depuis l'an 2000, un Groupe de concertation sur l'adaptation scolaire (GCAS) a été créé par Québec. Plusieurs organismes siègent sur ce comité.

«Le GCAS devait établir des lignes directrices pour l'intégration des élèves EHDAA dès 2008. On ne les a jamais eues», critique Mme Bernard. Depuis plusieurs mois, aucune rencontre du GCAS n'a eu lieu.

Mme Bernard ajoute qu'un comité paritaire, créé avec le MELS, travaille actuellement à l'élaboration de balises à l'intégration. «On doit émettre des recommandations avant le 1er février. Ces recommandations seront effectives dès l'automne 2011. On doit notamment définir ce que signifie porter atteinte aux autres élèves ou quels devraient être les critères de composition des classes», explique-t-elle.

Mais malgré l'existence de ce comité, Mme Bernard est catégorique: «L'intégration est une question à lourde portée sociale et une journée, ce n'est pas assez pour en discuter.»

Un avis partagé par M. Marois. «On veut amener le débat sur la place publique. Parce que le statu quo en intégration ne peut plus durer, indique M. Marois. Surveillez-nous au cours des prochains jours.»