Dans certaines familles, des mères sont terrorisées devant leur grand gaillard de 16 ans qui les pousse, défonce des portes à coups de poing ou harcèle ses cadets. Mais la DPJ n'intervient pas nécessairement.

Depuis sept ans, la tendance est palpableà la DPJ de Montréal. Le nombre de jeunes pris en charge pour troubles de comportements a baissé de 52% entre 2003-2004 et l'an dernier, passant de 732 à 322. Et le nombre de signalements retenus pour ce genre de problèmes est passé de 688 à 422. La chute s'est surtout fait sentir au cours des dernières années (voir nos tableaux sur cyberpresse.ca).

«Aujourd'hui, quand un parent tient à faire un signalement, il doit attacher sa tuque! « estime Manon Harvey, directrice du refuge pour mineurs En Marge 12-17 et ex-intervenante à la DPJ. Depuis que la Loi sur la protection de la jeunesse a changé, il y a trois ans, l'approche n'est plus la même face aux adolescents de 16 ans et plus, dit-elle. «On considère que, à cet âge, c'est à eux de faire leurs choix.»

L'ancien article de loi exigeait que le trouble de comportement soit «sérieux» pour que la DPJ s'en mêle. Le nouvel article exige de surcroît que le jeune (ou quelqu'un de son entourage) soit en danger «de façon grave et continue».

Si l'enfant se drogue? «On interviendra s'il a commencé à vendre de la drogue ou à se prostituer pour payer sa consommation», précise Céline Ouellette, qui dirige le service d'accueil de la DPJ de Montréal. Et lorsqu'il y a de la violence dans la famille, «on suggère d'abord de porter plainte à la police pour qu'il y ait des conséquences, dit-elle. On peut aussi commencer par faire une brève mise à distance en envoyant le jeune chez un ami».

Plusieurs parents protestent. «Mais mieux vaut maintenir le jeune à la maison le plus possible, explique Mme Ouellette, parce que, s'il y a rupture du lien avec le parent, ce sera plus difficile de l'y ramener après. La DPJ intervient quand tout le reste a échoué.»