Lorsque l'Américaine Heather Lucas est arrivée à Montréal pour étudier à l'Université Concordia, elle a visité un appartement dans le centre-ville. Bien que ce soit illégal, le propriétaire a exigé qu'elle paie à l'avance deux mois de loyer. Il lui a également demandé une photocopie de son passeport.

Les étudiants internationaux seraient souvent confrontés à ce genre de pratiques lorsqu'ils tentent de louer un appartement dans le centre-ville, selon Heather Lucas, aujourd'hui présidente de l'Union des étudiants de Concordia (CSU).

Mercredi, la CSU a donc demandé à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse d'enquêter sur ces «pratiques abusives». Le service de recherche de logement et d'emploi de la CSU (HOJO) entend identifier et bannir les propriétaires en cause de leurs bases de données.

«La plupart des étudiants qui viennent à Montréal ne connaissaient pas leurs droits de locataire et ils ont peur de dénoncer ces pratiques parce qu'ils craignent de se retrouver à la rue», a dit Leanne Ashworth, coordonnatrice du HOJO, lors d'une conférence de presse à l'Université Concordia. Elle dit avoir reçu une trentaine de plaintes à cet effet depuis la mi-août.

En vertu du code civil, les propriétaires ne peuvent demander plus d'un mois de loyer à l'avance, indique-t-on à la Régie du logement du Québec. Quant à la photocopie du passeport, la Commission d'accès à l'information (CAI) n'a pas de position définie sur le sujet, mais «ça soulève de nombreux questionnements», selon Jean-Sébastien Desmeules, secrétaire de Commission. La CAI décourage la collecte du numéro d'assurance sociale lors de la location.

Hans Brouillette, directeur des Affaires publiques de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), ne cautionne pas les propriétaires qui exigent des paiements à l'avance aux étudiants internationaux. Il dit toutefois les comprendre.

«Louer à un étudiant étranger implique un niveau de risque plus élevé, parce qu'il est plus difficile d'obtenir son dossier de crédit et son dossier judiciaire», a-t-il souligné. M. Brouillette ajoute qu'il est également plus difficile les retracer s'ils partent sans payer.