Des responsables de services de garde en milieu familial, qui s'occupent de dizaines de milliers d'enfants chaque jour au Québec, ont brandi mercredi un vote de grève afin de presser le gouvernement de répondre à leurs demandes, dans le cadre de la négociation de leur première convention collective.

Exaspérées de voir les négociateurs patronaux tergiverser, les 12 000 responsables, affiliées à la Centrale des syndicats du Québec, ont voté à 92% pour des périodes de grèves graduelles qui pourront culminer jusqu'à une journée complète d'interruption de leur service.

Lors d'une conférence de presse, la première vice-présidente de la CSQ, Louise Chabot, a déploré que les représentants du gouvernement n'aient encore déposé aucune offre complète, même si les représentants syndicaux ont présenté leurs demandes.

«Pour le gouvernement, l'heure est maintenant à régler ce dossier et aussi à donner espoir à ces femmes qu'elles auront un contrat de travail négocié, a-t-elle dit. Elles sont prêtes à mettre la pression nécessaire pour que le gouvernement leur donne gain de cause.»

Mme Chabot a enjoint la partie patronale à conclure une entente d'ici la mi-juillet. Entre-temps, les représentantes pourraient exercer leur droit de grève, en commençant par une fermeture de deux heures.

Selon Mme Chabot, les syndiquées qu'elle représente, qui accueillent jusqu'à neuf enfants chez elles, gagnent un salaire insuffisant, en moyenne 15 000 $ net par année pour une moyenne de 60 heures de travail par semaine.

La vice-présidente a affirmé que cela se situe bien en deçà de la rémunération de leurs collègues travaillant en centres de la petite enfance (CPE), dont le taux horaire brut s'élèvera à un maximum de 20,65 $ en 2011.

Les responsables de services de garde en milieu familial demandent un régime d'assurance complémentaire, un régime de retraite et des congés de maladie payés, ce à quoi elles n'ont pas droit actuellement, a indiqué Mme Chabot.

«C'est l'âge de pierre au niveau des conditions de travail, assurément parce que c'est un groupe majoritairement féminin à 99 pour cent, a-t-elle dit. Le gouvernement a voulu faire des économies sur leur dos lorsqu'elles ont été accréditées dans le réseau des services de garde.»

La présidente de l'Alliance des intervenantes en milieu familial de Québec, Mélanie Lavigne, a assuré que les parents seront avisés deux semaines d'avance si des mouvements de grève sont décidés.

«Le but n'est vraiment pas de prendre les parents en otage, a-t-elle dit. Ils seront en mesure de savoir la date où on aura à débrayer.»

La ministre de la Famille, Yolande James, a affirmé que l'état actuel d'avancement des discussions ne justifie par le recours à la grève, dans le contexte où la négociation d'une première convention collective peut s'avérer plus long qu'un simple renouvellement.

Mme James a suggéré une intensification des pourparlers, plutôt qu'une perturbation des services.

«Quand on parle de renouvellement, ça prend des mois, a-t-elle dit. Dans les circonstances actuelles, où on parle d'une première convention collective, on n'est certainement pas dans une situation où on peut parler de grève. On ne doit pas faire payer des parents ou des enfants.»

Sans exclure qu'une entente puisse être conclue d'ici la mi-juillet, Mme James a indiqué que les négociateurs du gouvernementaux avaient été avisés de poursuivre leur travail tout au long de la période estivale.

«J'ai envoyé le signal très clair aux négociateurs, chez nous, qu'on accélère davantage et qu'il n'est pas question d'arrêter cet été, a-t-elle dit. On va prendre le temps qu'il faut.»

Mme James n'a pas donné de précisions sur les offres patronales, se limitant à dire que les demandes des syndiquées doivent respecter «la capacité de payer des contribuables».