C'est avec fierté et nostalgie que le 10e recteur de l'Université de Montréal, Luc Vinet, envisage la fin de son mandat, prévue pour le 31 mai. Avant de reprendre ses fonctions de chercheur au Centre de recherches mathématiques et à l'Institut Cirano, M. Vinet lance un dernier cri d'alarme et martèle que le sous-financement des universités québécoises, un problème qu'il qualifie d'»infernal», ne peut plus durer.

«On manque de financement comme ce n'est pas possible», affirme le recteur, qui, depuis son arrivée à la tête de l'Université de Montréal, en 2005, a maintes fois tiré la sonnette d'alarme. «Chaque année, les universités québécoises reçoivent 400 millions de moins que leurs vis-à-vis canadiennes. Ça ne peut plus continuer comme ça», dit-il.

M. Vinet a été légèrement déçu du dernier budget du Québec, qui n'a pas réservé une part très grande à l'éducation, selon lui. Mais le recteur attend beaucoup de la rencontre des partenaires de l'éducation, qui se penchera l'automne prochain sur la question du financement des universités. «Cette rencontre doit absolument être un succès.»

Fier de son mandat

Durant son mandat, M. Vinet n'a pas caché son souhait de hausser les droits de scolarité. Malgré tout, il assure s'être toujours bien entendu avec ses étudiants. «Mon moment le plus bas avec eux a possiblement été lors de la hausse des frais afférents... Mais sinon, tout a bien été», dit-il.

Quant à sa relation avec le corps enseignant, M. Vinet se réjouit de la signature récente d'une convention collective avec ses chargés de cours, après près de huit semaines de grève. Le recteur affirme qu'il est «malheureux d'avoir des conflits». Mais dans le cas des chargés de cours, il juge avoir été tributaire du contexte : «Dans une famille qui ne mange pas à sa faim, il est normal que des tensions surgissent. Je fais le parallèle avec ce qui s'est passé ici.»

Quand il regarde ses réalisations, M. Vinet est fier des 10 000 jeunes diplômés chaque année depuis 2005. «Je suis aussi fier du fait que, malgré le manque de financement, les acteurs de l'UdeM se sont mobilisés et ont permis que l'établissement se classe toujours parmi les meilleurs», affirme-t-il.

M. Vinet est aussi heureux du lancement du site Outremont, qui permettra très bientôt à l'Université d'agrandir son campus.

Le recteur sortant reconnaît avoir fait des déficits durant son mandat. Mais dès le budget 2011-2012, le déficit d'exploitation de l'université sera éliminé. «Nous aurons toutefois encore un déficit accumulé important. Pour régler ça, on n'aura pas le choix de demander l'aide du gouvernement», prédit-il.

Alors que son successeur, Guy Breton, prendra bientôt la relève, M. Vinet refuse de lui donner des conseils. «Il est prêt», soutient-il.