Alors que l'Université de Sherbrooke souhaite depuis deux ans ouvrir un programme de maîtrise afin de diplômer plus d'enseignants d'anglais, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, n'a donné son aval au projet que le 12 avril dernier. Si bien que le programme, qui doit aider à mettre fin à la pénurie d'enseignants d'anglais dans le réseau, ne sera lancé qu'à l'automne.

«Nous étions prêts à l'ouvrir dès cet été. Mais on attendait l'accord de la ministre. Avec son autorisation, on pourra l'ouvrir à l'automne», annonce Hassan Sqalli, responsable des programmes de maîtrise en enseignement au secondaire à l'Université de Sherbrooke, qui estime que le processus a été un peu plus long que prévu.

 

Pour Karyne Gamelin, qui enseigne l'anglais langue seconde depuis cinq ans et qui attend d'obtenir son brevet, il est inacceptable d'avoir laissé traîner ce dossier. «On est plusieurs enseignants dans ma situation. On dit tout le temps qu'il manque de professeurs d'anglais. Pourquoi n'a-t-on pas agi plus vite?» demande-t-elle.

L'attachée de presse de la ministre Courchesne, Tamara Davies, affirme que le gouvernement n'a pas tardé à autoriser le programme de maîtrise de l'Université de Sherbrooke. «C'était à l'Université de développer le programme et de nous faire une demande. Il faudrait leur demander ce qui s'est passé s'il y a eu des délais», dit-elle.

Pénurie majeure

La pénurie d'enseignants qualifiés en anglais et dans différentes matières dure depuis des années au Québec. Pour contrer le phénomène, le ministère de l'Éducation a accepté, dès 2006, de délivrer des autorisations provisoires d'enseigner à des gens dotés de formations pertinentes, par exemple un baccalauréat en français ou en mathématiques. Ces personnes devaient toutefois s'engager à suivre une formation en pédagogie.

Mais puisque ces formations se donnaient de jour, plusieurs ne pouvaient les suivre. C'est le cas de Mme Gamelin, qui possède un baccalauréat en études anglaises et une autorisation provisoire d'enseigner. Mais Mme Gamelin, qui enseigne à temps plein, est incapable de terminer sa formation en pédagogie.

«J'ai fait tous mes cours théoriques. Pour obtenir mon diplôme en pédagogie, je dois faire quatre stages de jour. Je dois quitter mon emploi pour faire ces stages. Je ne peux pas me permettre ça!» dit cette mère de deux enfants.

Parce que les cas comme ceux de Mme Gamelin sont nombreux, le Ministère a autorisé les universités à créer un programme court de maîtrise en pédagogie. Offerts depuis l'été dernier, les cours de ces programmes peuvent être suivis le soir ou à distance et mènent au brevet d'enseignement. Mais ces programmes n'ont été ouverts que pour le français, les mathématiques et les sciences technologiques. Pour l'anglais, la maîtrise n'est toujours pas disponible.

Dès 2008, l'Université de Sherbrooke s'est dite intéressée à ouvrir son programme de maîtrise à d'autres matières, dont l'anglais. L'Université de Sherbrooke a présenté son projet au Comité d'agrément des programmes de formation en enseignement, qui a recommandé au Ministère d'accepter le projet. «Il ne nous manquait plus que l'autorisation du Ministère», mentionne M. Sqalli, qui se réjouit de l'avoir enfin obtenue.

Mme Gamelin est heureuse du dénouement du dossier. Mais elle craint qu'il ne soit trop tard pour elle. «Mon autorisation provisoire d'enseigner vient à échéance en juin 2011. Je ne pensais pas que ça prendrait tant de temps avant d'ouvrir la maîtrise pour l'anglais, dit-elle. Je vais m'inscrire, mais j'espère que mon autorisation temporaire sera prolongée en juin prochain, en attendant que je finisse la maîtrise.»