Une troisième école internationale est en train de voir le jour à Montréal. La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) travaille activement pour changer la vocation de l'école Mont-Royal, située à Ville Mont-Royal. Mais ce changement, qui devrait s'opérer d'ici trois ans, ne fait pas encore l'unanimité.

L'an dernier, l'ancien directeur de l'école Mont-Royal avait déjà tenté de changer la vocation de son établissement. Mais les parents du quartier craignaient de se retrouver avec une école élitiste et avaient rejeté en bloc le projet.

 

Malgré ce premier refus, la commission scolaire a récidivé cette année et a recommencé tout le processus. «On a choisi de recommencer car l'an passé, au moment de prendre la décision, il y avait de la confusion», justifie la porte-parole de la CSMB, Brigitte Gauvreau.

Le 27 janvier, le conseil d'établissement de l'école Mont-Royal a finalement accepté de transformer l'école en institution internationale.

Certains enseignants de l'école Mont-Royal déplorent toutefois que la CSMB veuille transformer «coûte que coûte» l'établissement en école internationale. «À la base, l'idée de devenir une école internationale doit venir du milieu. Qui a eu cette idée ici? Qui insiste pour que ce soit fait? On ne sait pas!» déplore un professeur.

Le nouveau directeur de l'école Mont-Royal, Charles Viens, assure que le projet d'école internationale bénéficie d'une très forte adhésion cette année. Parmi les raisons qui l'incitent à vouloir changer la vocation de son école, M. Viens affirme qu'il veut séduire les enfants du secteur. «Les jeunes du quartier ont des parents très fortunés. La majorité va au privé. L'idée est de faire en sorte de leur donner un choix au public», dit-il.

M. Viens assure du même coup que l'école internationale ne sera pas élitiste. Des tests de classement seront certes imposés aux futurs élèves, mais ceux qui y échouent seront acceptés. Et les parents qui seront incapables de payer les droits de scolarité seront épaulés.

De l'opposition

Selon M. Viens, ces nouveaux critères d'inclusion ont amené le conseil d'établissement et 80% des enseignants de l'école Mont-Royal à appuyer le projet.

Mais certains professeurs et parents qui ont joint La Presse estiment plutôt se faire «enfoncer une idée dans la gorge». «On nous dit que si l'école ne devient pas internationale, elle va devoir fermer ses portes», dit un parent.

Depuis l'an passé, en prévision du probable changement de vocation, l'école Mont-Royal a cessé d'accepter des élèves dans des classes régulières. Actuellement, seules les troisième, quatrième et cinquième secondaires offrent des cours au régulier. Les première et deuxième secondaires n'offrent que le programme international. Or, selon le ministère de l'Éducation, une école ne peut pas refuser d'élèves réguliers avant d'avoir obtenu son statut d'école particulière.

«Il n'y avait pas assez d'inscriptions pour ouvrir des classes», justifie Mme Gauvreau. M. Viens ajoute que puisque le projet à long terme a toujours été de transformer l'école Mont-Royal en institution internationale, il serait illogique de continuer d'accepter des enfants dans des classes régulières. «On n'a pas les moyens de courir après deux lièvres à la fois», note-t-il.

Sur le site de l'école Mont-Royal, aucune information n'est donnée pour les classes régulières. «La décision est déjà prise. À force de faire comme si on est une école internationale, le Ministère n'aura pas le choix d'accepter le changement de vocation», dénonce un enseignant.

M. Viens assure qu'il n'est pas en mission pour faire accepter à tout prix le programme. «Les gens appuient le projet. On en est fiers. On va de l'avant», dit-il.