Le Montréalais Pierre Charrier déplore que l'école primaire Hélène-Boullé, à Montréal, ait pris près de trois ans avant de diagnostiquer la dyslexie de son fils. Aujourd'hui en sixième année, Dylan Charrier-Martel a accumulé un grand retard scolaire, une situation qui aurait pu être évitée, selon M. Charrier.

Dylan commence à éprouver des difficultés d'apprentissage en deuxième année. Cette année-là, il inverse plusieurs lettres et peine à réussir.

 

Souffrant lui-même de dyslexie, M. Charrier soupçonne que son fils manifeste le même trouble. La professeure de deuxième année de Dylan se fait toutefois rassurante. Selon elle, il n'est pas rare qu'à cet âge, les jeunes inversent des lettres.

En troisième année, les problèmes de Dylan s'accentuent. Sous la pression de M. Charrier, l'école accepte que Dylan voie l'orthopédagogue de l'école. Après une rencontre avec Dylan, l'orthopédagogue assure qu'il n'est pas dyslexique. Toute l'année, M. Charrier et sa femme aident leur fils dans ses devoirs. «Mais c'était difficile. Malgré toutes les heures qu'on mettait, il n'y arrivait pas», dit M. Charrier.

En quatrième année, les lacunes de Dylan s'aggravent. L'orthopédagogue de l'école Hélène-Boullé assure de nouveau que la dyslexie n'est pas en cause. Voulant un deuxième avis, M. Charrier demande une évaluation à un orthopédagogue à l'extérieur de l'école. Ce dernier est catégorique: Dylan souffre de dyslexie. «L'école a accepté un peu à contrecoeur d'aider mon fils pour sa dyslexie cette année-là», mentionne M. Charrier.

Mais dès l'année suivante, tout est à refaire. L'orthopédagogue de l'école affirme encore que Dylan n'est pas dyslexique. M. Charrier est découragé. «J'étais sûr que Dylan était dyslexique. On ne me croyait pas. On ne croyait pas non plus les avis externes», déplore-t-il.

La directrice de l'école Hélène-Boullé affirme alors à M. Charrier que seule une orthophoniste peut poser un diagnostic officiel. Au terme d'une longue bataille, M. Charrier finit par obtenir une rencontre avec une orthophoniste au privé en juillet 2009. Celle-ci tranche: Dylan est dyslexique.

Aujourd'hui, Dylan est en sixième année. Il bénéficie d'un suivi serré, adapté à sa condition. «L'école a maintenant fait son travail et mon fils est bien encadré. Mais si son dossier avait été bien géré, il aurait pu recevoir des services adéquats dès la troisième année», estime son père. Selon M. Charrier, l'orthopédagogue de l'école Hélène-Boullé «n'était pas à jour pour dépister la dyslexie et son évaluation arbitraire a été nuisible».

Le directeur du réseau centre de la Commission scolaire de Montréal, Maurice Lachance, affirme que durant tout son primaire, Dylan a eu droit aux services d'un orthopédagogue. Il confirme que seule une orthophoniste peut poser un diagnostic de dyslexie. «Et la direction de l'école a dirigé l'enfant vers une orthophoniste pour avoir l'heure juste quand elle a jugé bon de le faire», précise M. Lachance.

Mais pourquoi l'école a-t-elle attendu des années avant de demander un diagnostic officiel? «On n'avait pas de raison de croire qu'il souffrait de dyslexie», dit M. Lachance. M. Lachance reconnaît que les intervenants sont mieux outillés pour intervenir à partir du moment où le bon diagnostic est posé. Mais il martèle que dans le cas de Dylan, il aurait été difficile de poser un diagnostic plus tôt. «L'enfant cumule aujourd'hui quelques retards. En aurait-il eu moins si on avait agi avant? On ne peut pas savoir», dit M. Lachance.

M. Charrier déplore que la direction de l'école Hélène-Boullé n'ait pas cru sa version des faits. «Pour mon fils, il est trop tard. Il a déjà des retards. J'espère juste que ça n'arrivera pas à d'autres», dit-il.