Le plan de lutte au décrochage scolaire tarde à devenir réalité. En rendant public son plan d'action, en septembre, la ministre de l'Education, Michelle Courchesne, invoquait l'urgence d'agir pour contrer ce fléau.

Trois mois plus tard, pourtant, peu de choses ont bougé.

Par exemple, en vertu de ce plan annoncé le 9 septembre, les commissions scolaires doivent signer avec le ministère des ententes fixant les cibles de réduction du taux de décrochage et les moyens d'y parvenir. Or, aucune entente n'a encore été signée.

De plus, aucun des 200 enseignants-ressources promis par la ministre pour la rentrée scolaire de septembre 2010 n'a été embauché.

D'ailleurs, les commissions scolaires attendent toujours de la ministre Courchesne qu'elle redéfinisse, comme promis, le rôle de ces enseignants-ressources, censés venir en aide aux enseignants et servir de «mentors». La ministre «va devoir clarifier leur mandat», a indiqué en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne, mardi, la présidente de la Fédération des commissions scolaires, Josée Bouchard.

Lors de l'annonce, la ministre avait aussi insisté sur l'importance de faire un suivi serré des actions entreprises, pour inverser la tendance et garder les jeunes sur les bancs d'école.

«Le succès que nous obtiendrons dans la mise en oeuvre des voies de réussite dépendra directement du suivi qui sera fait», avait-elle déclaré alors, en s'engageant à «suivre étroitement les moyens et les résultats».

Dans cet esprit, elle a mis sur pied deux comités: un «comité de suivi», chargé de surveiller l'application du plan d'action, ainsi qu'un «comité de vigie», formé de personnalités de divers milieux et chargé de suivre «de manière continue» l'évolution du dossier en général.

A ce jour, cependant, le comité de suivi ne s'est pas encore rencontré, tandis que le comité de vigie ne s'est réuni qu'une seule fois en trois mois.

Une des autres avenues identifiées pour prévenir le décrochage scolaire consiste à faire du dépistage précoce, avant même que l'enfant n'entre à l'école.

Ainsi, la ministre a mandaté les commissions scolaires de prévoir un «arrimage» avec les Centres de la petite enfance (CPE), afin de sensibiliser les éducatrices à l'importance de déceler les enfants présentant des difficultés d'apprentissage et s'assurer que leur dossier sera acheminé à l'école maternelle.

Mais jusqu'à maintenant, cet objectif n'a pas eu de suite, indique-t-on, tant au ministère qu'à la fédération. «On attend de connaître les attentes de la ministre», indique une porte-parole de la fédération.

Dans son plan, la ministre s'était aussi engagée à intensifier «l'aide aux devoirs», encore là pour donner un coup de pouce à un plus grand nombre d'élèves éprouvant des difficultés en classe.

Sauf qu'aucune somme supplémentaire ne sera versée à ce programme, a confirmé le cabinet de la ministre, mardi.

On ne sait pas non plus combien d'élèves auront droit à de l'aide, ni à compter de quand elle leur sera fournie. Cela viendra «un moment donné», a indiqué sans plus de précision l'attachée de presse de la ministre, Tamara Davis.

Le constat est le même pour la bonification promise de l'offre d'activités parascolaires sportives et culturelles au secondaire.

Les commissions scolaires ont jusqu'au 31 mars pour conclure une entente avec le ministère de l'Education sur les cibles et les moyens à prendre pour s'attaquer au décrochage, «un délai réaliste», selon Mme Bouchard.