Saviez-vous qu'il y a quatre types d'écoles défavorisées au Québec? Certaines ont droit au lait-école, d'autres aux subventions d'Agir autrement, d'autres aux classes réduites en première et deuxième années, d'autres en troisième et quatrième années. Aussi étrange que cela puisse paraître, toutes ces mesures ne sont pas accordées selon les mêmes critères de «défavorisation», a constaté La Presse.

Québec verse 40,3 millions pour aider 778 écoles défavorisées cette année grâce au programme Agir autrement, a indiqué Kim Ledoux, attachée de presse de la ministre de l'Éducation. Ces subventions sont accordées aux 30% d'écoles les plus défavorisées selon l'indice de milieu socio-économique (IMSE), calculé avec la proportion de mères sans diplôme et de parents chômeurs. Celles qui sont aux rangs 8, 9 et 10 y ont droit; le faible revenu des parents n'est pas pris en compte.

 

Pour la première fois, cet indice s'appuie sur les données du recensement canadien de 2006 (avant, c'était celui de 2001). Autre changement: la carte qu'utilise le Ministère se base désormais sur 3500 «unités géographiques» au lieu de 1500.

Résultat: 105 écoles ont «gagné» le droit de toucher l'argent d'Agir autrement, mais... 150 l'ont perdu, a appris La Presse. Pour amoindrir le choc des «perdantes», Québec leur donne cette année la moitié des subventions reçues l'an dernier, soit 3,1 millions.

Quant à la baisse du nombre d'élèves par classe en troisième et quatrième années du primaire, elle n'est offerte qu'aux 20% d'écoles les plus défavorisées selon l'IMSE (rangs 9 et 10). Les 10% d'écoles de rang 8, suffisamment défavorisées pour avoir l'argent d'Agir autrement, ne le sont donc pas assez pour obtenir des petites classes.

Plus compliqué encore, la réduction des ratios prof-élèves en maternelle, première et deuxième années s'applique aux écoles de rangs 9 et 10... mais aussi à celles qui sont listées dans la convention collective des enseignants. Cette dernière prend en compte le faible revenu des familles et le recensement de... 1996. Résultat: 950 bâtiments primaires (une école peut compter plus d'un bâtiment) ont droit aux petites classes en première et deuxième années, tandis que 627 y ont droit en troisième et quatrième années, comme l'a révélé La Presse à la fin du mois de septembre.

Ce n'est pas tout: Québec verse 6,8 millions pour le lait-école, 7,45 millions pour des mesures alimentaires au secondaire en milieu défavorisé et 6,4 millions pour des mesures particulières à Montréal. Cet argent est distribué dans les écoles «en fonction de l'indice du seuil de faible revenu, car cet indice mesure la pauvreté financière des parents des élèves», a expliqué Mme Ledoux. Impossible de savoir combien d'écoles en bénéficient. «Le choix des mesures alimentaires appartient aux commissions scolaires», a-t-elle souligné.

 

PROGRAMME AGIR AUTREMENT

Écoles défavorisées qui ont eu droit aux subventions l'an dernier: 823

Subventions: 43millions

Écoles défavorisées qui y ont droit cette année: 778

Subventions: 40,3millions

Écoles ayant gagné le droit à Agir autrement: 105

Écoles ayant perdu le droit à Agir autrement: 150

Allocation transitoire versée aux écoles «perdantes»: 3,1 millions

Source : Kim Ledoux, attachée de presse de la ministre de l'Éducation