Quelques centaines d'étudiants, professeurs et membres du personnel ont manifesté, cet après-midi à Montréal, contre les projets de loi sur la gouvernance des cégeps et universités. Ces projets de loi 38 et 44 tentent «d'occulter la véritable crise de l'éducation au Québec, c'est-à-dire la marchandisation de l'éducation», a dénoncé Christian Pépin, porte-parole de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), soulevant les applaudissements de la foule.

«Il faut rappeler que la direction de l'UQAM manquait de financement, c'est pour ça qu'elle s'est tournée vers le privé», a-t-il dit. C'est à la suite du scandale financier de l'îlot Voyageur que la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a déposé ces projets de loi qui imposent un cadre de gouvernance strict à tous les établissements d'enseignement supérieur.

Coûteux, restreignant, accentuant la bureaucratisation, donnant une trop grande place au privé: le cadre législatif proposé a fait l'unanimité contre lui lors des auditions qui ont pris fin aujourd'hui à Québec. Fait rare, 13 recteurs et principaux d'universités s'y sont présentés mardi, rappelant leur adhésion «aux principes reconnus de bonne gouvernance et de reddition de comptes», mais exigeant que leur application soit modulée selon les besoins de chacun.

Contre une majorité de membres externes dans les c.a.

La formation de conseils d'administration composés à 60% de membres dits «indépendants» irrite particulièrement les communautés des cégeps et universités. D'autant plus qu'aucune place n'est réservée aux étudiants sur ces mêmes c.a., a dénoncé la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), dans son mémoire sur les projets de loi.

États généraux sur l'éducation demandés

La manifestation a pris fin devant les bureaux montréalais de la ministre Courchesne. Camille Brisson, étudiante en arts plastiques de 19 ans, brandissait une pancarte disant: «Achetez un cégep, appelez au 1-800-Courchesne». Avec ces projets de loi, «le privé s'accapare les instances de gérance des cégeps et des universités et il mettra tout à son avantage», a dit l'étudiante à La Presse.

Des états généraux sur l'éducation ont été réclamés par la Fédération québécoise des professeurs d'universités (FQPPU), qui participait à la manifestation. «On pourrait avoir une idée exacte de l'état actuel des universités au Québec et prévoir ensuite un plan de développement qui soit cohérent», a expliqué Max Roy, président de la FQPPU.

Reste à savoir ce que fera Mme Courchesne devant la grogne. «Elle est mieux de nous avoir entendus, a dit Christian Pépin, de l'ASSÉ. La mobilisation ne s'arrête pas aujourd'hui.»