Pour réduire de 20% son taux de décrochage scolaire d'ici cinq ans, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) a lancé mercredi son plan Réussir. Alors que 1760 jeunes Montréalais sont sortis du secondaire sans diplôme en 2006-2007, il y en aura 350 de moins si la cible est atteinte en 2015.

«Nous ne ferons pas de miracle, car nous savons que, depuis quelques années, le taux de décrochage est en croissance dans nos écoles, a dit Diane De Courcy, présidente de la CSDM. Il nous faudra d'abord stopper l'hémorragie.»Un budget de 6,6 millions en cinq ans - qui s'ajoute aux subventions de Québec pour lutter contre le décrochage - est prévu pour y arriver. Deux grandes priorités sont fixées: améliorer la réussite du français et le soutien aux élèves aux besoins particuliers. Fait rare, les syndicats (dont l'Alliance des professeurs de Montréal) et comités de parents appuient ce plan d'action aux objectifs chiffrés, une première pour la CSDM.

L'heure est grave: seuls 40,7% des élèves obtiennent un diplôme après cinq ans au secondaire, un taux que la CSDM veut hausser à 50% d'ici cinq ans. Après six ans d'études, l'obtention d'un diplôme passera de 48,2% à 60% et après sept ans, de 55,9% à 70%. «C'est un plan qui vise haut et qui visera juste, ce que nous pourrons vérifier dans cinq ans», a indiqué Mme De Courcy.

Bilan public en juillet 2011

Un comité - appuyé par Marc-André Deniger, professeur à la faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal - sera responsable du suivi du plan. D'ici janvier, chacune des 155 écoles de la CSDM devra avoir fixé ses propres cibles, qui seront aussi publiées.

«Une reddition de comptes annuelle et publique viendra illustrer les progrès réalisés dans les établissements de la commission scolaire», a annoncé Gilles Petitclerc, directeur général de la CSDM. Il faudra toutefois attendre juillet 2011 pour cette première confession publique. En cas de recul dans une école, il n'y aura «personne à l'amende», a dit Mme De Courcy, mais l'accompagnement sera resserré.

Crédit d'impôt pour parents bénévoles

Impossible de savoir à quoi serviront les 6,6 millions alloués: cela sera déterminé avec les écoles. Pour améliorer la réussite en français, «des programmes d'éveil au monde de l'écrit, des bibliothèques plus animées, l'utilisation d'approches pédagogiques diversifiées et le dépistage précoce des difficultés en lecture et en écriture», sont évoqués par la CSDM. Quant au soutien aux élèves en difficulté, il passera par une souplesse accrue dans la formation des classes, un suivi individualisé et une aide aux allophones qui dépasse le modèle des classes d'accueil, jugé insuffisant par Mme De Courcy.

D'autres mesures sont annoncées, comme un suivi plus minutieux des absences et la création d'une ligne d'information pour les raccrocheurs au 514-350-8800. Quant aux parents, la CSDM demande au gouvernement de leur allouer des congés pour qu'ils puissent faire du bénévolat dans les écoles, voire un crédit d'impôt pour ceux qui y consacrent beaucoup de temps!

«Il s'agit d'un réel passage à l'action», a dit Lynda Laurencelle, présidente du Comité central des parents de la CSDM.