«Si on ne modifie pas les politiques linguistiques, on s'en va vers une louisianisation du Québec», estime le président de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, Mario Beaulieu. Tout comme différents intervenants, M. Beaulieu a réagi, hier, au reportage de La Presse annonçant que les allophones sont maintenant majoritaires dans les écoles publiques de la métropole.

Aujourd'hui, 39% des élèves montréalais dans les écoles publiques sont de langue maternelle française. Ils sont devancés en nombre par les jeunes dont la langue maternelle n'est ni l'anglais ni le français (39,5%).

 

Le président de la SSJB n'a pas été surpris par cette donnée. «Ça se préparait depuis des années. Mais ça démontre l'importance de franciser les nouveaux arrivants», croit-il.

M. Beaulieu explique qu'à Montréal, 54,2% des citoyens parlent français à la maison. «Mais dans les écoles, on voit que seulement 45% des élèves utilisent le français à la maison, dit M. Beaulieu. On voit que cette donnée est en déclin dans les écoles par rapport à la population en général.»

M. Beaulieu estime que les efforts du gouvernement pour préserver le français à l'école ne sont pas encore suffisants. Selon lui, la loi 101 devrait continuer à être appliquée au cégep, et les universités ne devraient pas faire bande à part. «Les universités anglaises reçoivent 25% du financement au Québec alors que seulement 10% de la population est anglophone. On pousse des francophones vers les universités anglophones», dénonce M. Beaulieu.

Le président d'Impératif présent, Jean-Paul Perreault, ajoute que les écoles doivent s'assurer que le français est parlé en tout temps, et pas seulement dans les classes. «L'anglais est souvent la langue la plus parlée dans les corridors et dans les cours d'école. Là, il y a un problème. Ce sera difficile d'y imposer le français, mais il le faut», dit-il.

Pas catastrophique

Pour la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, la présence marquée des allophones dans les écoles de la métropole était souhaitée par la Charte de la langue française et n'est donc pas du tout catastrophique. La ministre ajoute que les francophones ont déserté la métropole au cours des dernières années au profit de la banlieue. «On pourrait faire comprendre aux francophones qu'ils peuvent revenir à Montréal», dit-elle.

Le porte-parole de l'opposition en matière de langue, Pierre Curzi, n'est pas non plus outré du fait que les allophones sont maintenant majoritaires dans le milieu scolaire public montréalais. Mais selon lui, il faut continuer de travailler afin de «donner une école de qualité à tous» et de «donner à tout le monde le désir de réussir dans cette culture francophone».

Le Parti québécois prépare d'ailleurs des stratégies pour améliorer l'état du français à Montréal. «On ne veut pas culpabiliser ni pénaliser personne. Mais on note qu'il y a une forte tendance à l'anglicisation à Montréal. On présentera nos solutions à notre conseil national qui aura lieu les 24 et 25 octobre», dit M. Curzi.