Stimulés depuis la pouponnière, les enfants des centres de la petite enfance (CPE) ont-ils une avance insurmontable sur les autres quand ils arrivent à l'école? Plusieurs enquêtes laissent croire que oui.

Les «scores de développement cognitif» des enfants qui fréquentent un service de garde structuré (CPE, garderie, milieu familial) sont «significativement plus élevés» que ceux des autres (halte-garderie, garde par un proche, aucune garde), indique une étude parue dans la Revue de psychoéducation en 2008.

 

Pire: les enfants qui ne fréquentent aucun service de garde ont des taux de «comportements internalisés problématiques» et «externalisés limites» supérieurs à la population en général, selon une autre étude qui vient d'être publiée dans la revue Enfances, familles, générations au printemps 2009.

Mais la réalité est plus nuancée. «Toutes les données internationales le montrent: pour les enfants vulnérables ou défavorisés, le service de garde fait une grande différence, dit Nathalie Bigras, professeure au département d'éducation et de pédagogie de l'UQAM et coauteure des deux études. Mais pour les enfants qui sont déjà dans un milieu stimulant et encadrant, être à la maison n'est pas un problème.»

L'âge fait une différence

Geneviève Deschênes, prof au primaire et mère de trois enfants, est du même avis. Sa fille de 5 ans «est plus que prête» à entrer en maternelle cette semaine, assure-t-elle. Même si la petite ne s'est fait garder qu'à temps partiel en milieu familial. L'avantage CPE, Mme Deschênes n'y croit pas. Selon elle, c'est plutôt l'âge de l'enfant qui «fait une énorme différence dans la maturité et le désir d'apprentissage» des petits. Ceux qui ont presque 6 ans (nés en octobre ou en novembre) ont une vraie longueur d'avance sur ceux qui sont nés l'été.

«Par contre, les enfants qui proviennent de milieux culturellement défavorisés sont très avantagés dans leur scolarité s'ils fréquentent un milieu de garde stimulant», indique l'enseignante.

Programme éducatif complet

Surtout que les CPE ont des programmes éducatifs très structurés, amorçant l'alphabétisation, la classification, travaillant la motricité fine. «Mais la préparation à l'école, ce n'est pas de savoir telle ou telle chose, souligne Nathalie Bigras. C'est plutôt d'avoir baigné au quotidien dans un environnement grâce auquel on a appris à communiquer, à gérer différentes situations, à se situer dans le temps.»

«On se fait souvent dire que ça doit être plus facile avec les enfants qui arrivent des CPE, dit Viviane Poirier, enseignante en maternelle depuis 13 ans. Mais on oublie qu'ils ont 5 ans, eux aussi! Chaque chose se fait à son âge. Si on essaie de faire faire une boucle à un enfant de 3 ans et qu'il n'est pas prêt sur le plan moteur, ça ne marchera pas.»

En général, les enfants sont prêts à entrer en maternelle, assure Mme Poirier. «L'important est de tisser un lien de confiance avec eux, souligne-t-elle. C'est ça qui fait en sorte qu'ils vont bien fonctionner.»